Iron Maiden au cinéma !

Mardi 21 avril, avait lieu, au Méga CGR de St Saturnin en proche périphérie du Mans, la projection en HD 5.1 du film de la tournée monumentale d'Iron Maiden. Pour immortaliser ce "Somewhere Back in Time Tour", le groupe avait chargé Sam Dunn et Scott Mc Fayden de les accompagner sur ce premier leg. Auteurs des documentaires Metal : a Headbanger's Journey et Global Metal, ils ont l'habitude de prendre leurs bâtons de pélerins. Le premier nommé a une formation d'anthropologiste et s'attache à montrer l'impact de la musique metal sur les sociétés. Qui mieux qu'Iron Maiden pour représenter le heavy metal ? Peut-on rêver meilleure opportunité que de s'embarquer à bord du Ed Force One pour parcourir le globe avec ce groupe ? En effet, Maiden avait mis les petits plats dans les grands : il a embarqué son crew et son matériel au sein d'un Boeing 757 pour rejoindre des territoires vierges de sensations metalliques : Inde, Australie, Costa Rica, Colombie, Chili, Puerto Rico.. L'idée est venue de Bruce Dickinson qui, en plus d'être un chanteur exceptionnel, est pilote de ligne pendant son temps libre pour la compagnie britannique Astraeus.

Il est temps d'entrer dans la salle obscure avec du Maiden (bien sûr) en fond sonore ("Tell me why I had to be a Powerslave"). Ah si seulement on pouvait choisir la musique d'ambiance habituellement... Ce n'est d'ailleurs pas commun de voir un de ses groupes préférés, assis dans un confortable siège de cinéma. Mon expérience dans ce domaine remonte à la diffusion live d'un concert de Bowie au MK2 Bibliothèque (dont j'inaugurais les sièges banquettes) durant mes premières heures parisiennes. Comment va d'ailleurs réagir le public ? Va-t-il ambiancer le CGR ? Et bien non, les Manceaux sont disciplinés et assistent à l'événement comme pour tout film qui se respecte. Pas d'headbanging frénétique ni de refrains scandés. Ou alors je ne l'ai pas remarqué pendant que je m'abandonnais à ces pratiques.

La nuit tombe et nous voilà plongés dans le quotidien d'Iron Maiden en tournée. L'intérêt du film est bien entendu de dévoiler ce qui se passe dans les coulisses de la Bête. Les documentaristes nous éclairent sur les personnalités des membres du groupes sans qu'on en apprenne d'ailleurs beaucoup. Bruce Dickinson est un génial hyperactif, très communiquant : le parfait frontman en soi. Steve Harris est un leader très professionnel (par exemple dans le studio de Kevin Shirley), peu loquace mais papa attentif (son fils et ses trois filles l'accompagnent dont Lauren qui assure la première partie de la tournée). Nicko McBrain est un clown. On comprend aussi mieux pourquoi trois guitaristes cohabitent : Dave Murray est le médiateur à l'humeur toujours égale, Adrian Smith est un musicien passioné sans cesse en train de travailler son instrument et Janick Gers est...un mec cool ! Et Dieu que ça fait du bien d'apprécier ce bon vieil accent avec des "bloody" à tour de bras. Les scènes sur les courts de tennis de Nouvelle Zélande ou sur les greens du Costa Rica tranchent avec les scènes d'hystérie collective qui accompagnent les faits et gestes du groupe en Amérique latine. Cette tournée permet à des générations de fans vivant dans des coins plus ou moins reculés de réaliser leur rêve : voir Iron Maiden en vrai. Les portraits et scènes de foule font la force du documentaire qui parvient à retranscrire l'identité de chaque public : des scènes en bambou de Mumbai aux escortes policières de Bogota ; des "People" de Los Angeles (Ulrich (bavard), Kerry King (souriant) et Tom Morello) à l'ambiance stade de Guadalajara ; de la moiteur de Curitiba à la neige de Toronto ! Un voyage initiatique de sang, de sueur et de larmes.

Le principal ne serait pas la musique ? Les classiques de Maiden ponctuent les différentes escales. Il est toujours difficile de traduire l'ambiance d'un concert. Les sensations ne sont pas les mêmes devant un écran que celles vécues dans la salle mais le film témoigne à merveille de la forme d'un groupe culte, créateur d'une euphorie collective et planétaire. Ces hymnes intemporels nous rappellent que la vie est une fête quand elle est mise en musique.
Up the Irons !