Faith No More - Rock en Seine

Rock en Seine peut devenir un très bon plan pour profiter une dernière fois de l'ambiance des festivals avant la rentrée. L'affiche devra cependant être à l'avenir plus consistante et définir plus précisément les contours du rock (évitez les Slimmy ou Birdy Nam Nam). Aux portes de Paris et dans un cadre agréable, il faudra aussi que les organisateurs choisissent des têtes d'affiche qui n'annulent pas : Amy Winehouse deux ans de suite et Oasis vendredi dernier dans des conditions assez cultes.. Si les Libertines se reforment, il faudra peut-être éviter... En tout cas, un choix qui assoit la réputation du fest : faire revenir Faith No More sur une scène en France.

Pour leur "Second Coming", ils avaient investi la Brixton Academy de Londres le 10 juin dernier puis le show du 12 juin du Download était broadcasté : les mâchoires tombent devant les écrans. Pourquoi Faith No More nous a privé de ces moments de bonheur pendant 11 ans ? Peut-être que la (longue) parenthèse fut en un sens profitable. Le temps a pansé certaines plaies et chacun s'est épanoui artistiquement de son côté. Patton est sûrement un bien meilleur chanteur aujourd'hui grâce à ses expériences dans l'opéra ou la déstructuration bruitiste. Ses expérimentations ajoutées au répertoire de FNM : Mike Patton a fait renaître un monstre. Tout l'été, les vidéos de cette tournée européenne ont fleuri sur YouTube et on se demandait jusqu'où il pouvait aller. Dans le délire, le show de Paris fut finalement assez sobre, toutes proportions gardées (les fans d'Offspring jouant juste avant ou les Parisiennes trendy ont pris cher). Par exemple, au Rock en Seine, la fosse n'était pas séparée en deux comme sur certaines dates ce qui freina Mike, plutôt enclin à y descendre pour provoquer la foule. Le groupe n'a pas non plus interprété des bouts de tubes du moment comme Lady Gaga ou Lilly Allen par ailleurs (j'aurais bien pris un Wonderwall hin hin..). Les différentes dates ont permis aussi au groupe de voir ce qui fonctionnait le mieux : Digging the Grave très peu joué par exemple et Just A Man particulièrement mis en valeur. Le groupe a brassé sa set list au cours de l'été ce qui ne permettait pas d'avoir de certitudes pour celle de Paris donc de ne pas gâcher l'effet de surprise. Une constance : le groupe commence par leur cover de Reunited devant une foule dense. Un public de fans accompagnés de quelques curieux venus pour entendre (enfin en live) la schizophrénie musicale du groupe qui va parcourir sa discographie. Issu de Introduce Yourself : We Care a Lot en dernier rappel ; de The Real Thing : From Out of Nowhere (introductif), Surprise ! You're Dead ! (définitif) et l'incontournable Epic qui chauffe les cordes vocales. Be Agressive (tôt dans le concert), Caffeine, Midlife Crisis (le tube du show) et Midnight Cowboy (en rappel et interprété par Patton, mélodica à la bouche) pour Angel Dust. On peut aussi ajouter Easy et I started a Joke. Pour l'album King For A Day : le morceau éponyme, Evidence (chanté en partie en italien, Mike ne parlant pas français, ça limite le contact), Just A Man et les ravageurs The Gentle Are To Making Enemies et Cuckoo for Caca pour lesquels on se ravit du retour de Patton aux affaires. Même leur dernier album (of the year) studio n'est pas oublié avec Last Cup of Sorrow, le très très efficace Ashes to Ashes et Stripsearch (en rappel). Tout au long de ces morceaux, il faut vanter le groove de Mike Bordin derrière les fûts, les ligne de basse dévastatrices de Bill Gould, la classe de Roddy Bottum (qui n'hésite pas à s'adresser au public parisien) et Jon Hudson fait le taf' (Dédicace à Gilles). Mais finalement, tout le monde aujourd'hui est conquis par la performance d'hier soir et ajoute souvent au nom de Faith No More celui de son frontman Mike Patton. On peut l'avoir vu sur scène avec Fantomas, Tomahawk, John Zorn ou Peeping Tom (pour ma part), quand l'artiste sublime ces titres de FNM, peut-on rêver mieux ? Devant ce très bon acteur (il pourrait être l'hybride de Johnny Depp et Jim Carrey) mis en valeur par les écrans géants, on se surprend dans la foule à imiter ses cris les plus stridents et ses vocalises les plus belles. On aimerait tant les revoir le plus tôt possible. Mais quel sera dorénavant l'avenir de Faith No More : une tournée américaine ? Une autre tournée européenne en tête d'affiche ? Un nouvel album ? We'll See.. Mais ne boudons pas notre plaisir. Carpe Diem. Faith No More en live : a golden moment.

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