Hellfest - Day Three

La journée commence tôt en ce dimanche. Trop tard pour Audrey Horne ou Sup mais suffisamment pour l'un des coups de cœur du week-end : The Ocean. Découvert sur scène cet automne en première partie de Dillinger Escape Plan, le groupe a aussi franchi un cap sur disque avec deux excellents albums publiés en 2010 : Heliocentric et Anthropocentric. On retrouve donc live ces magnifiques arrangements aériens au cœur d'une fusion de riffs plombés. Le groupe a visiblement pris des notes lors de la tournée avec Dillinger, copiant leur jeu de scène : coups de manches de guitare, escalade, sauts dans la foule. The Ocean ajoute une touche de visuel à son interprétation parfaitement maîtrisée. Passons rapidement le metal œcuménique de Orphaned Land pour retomber dans l'adolescence devant Duff Mc Kagan. La foule semble moins dense en ce dimanche, la fatigue devant se faire sentir. Comme vendredi, il est plus facile de s'approcher de ce fils spirituel d'Iggy Pop, business man à ces heures mais terriblement passionné de musique. Pendant le hiatus de Velvet Revolver, Duff a réactivé Loaded et est donc au Hellfest pour présenter à un large public les morceaux de rock alternatif du groupe. Pour l'occasion, Duff est à la guitare mais quand il reprend sa basse, on sent qu'il va se passer quelque chose. C'est parti pour la reprise d'Attitude des Misfits d'abord, morceau qu'il interprétait avec les Guns sur scène et qui figure sur leur Spaghetti Incident?. Puis, défiant la foule du regard sur l'avancée de la Main Stage 1, on le voit s'approcher des cordes de bas de manche et le voilà qui balance les premières notes de It's So Easy. Un moment authentique ! Loin de l'arnaque des reprises de Slash avec Myles Kennedy mimant Axl Rose. Ah les Guns au Hellfest si seulement...

On a alors le temps de se remettre de ses émotions devant Pain of Salvation, bien mieux qu'ici même il y a quelques années. Gildenlöw se replonge dans la meilleure période du groupe, fin 90's début 2000's, celle que l'on aime et qui plaçait le groupe en grand espoir de la scène progressive. On attendait pas grand chose non plus du concert de Cavalera Conspiracy mais l'impression fut aussi plutôt positive. Les compositions de ce groupe tiennent finalement mieux la route que celles de Soulfly aujourd'hui et le jeu d'Igor reste quand même très impressionnant. Même si le Sepultura de Kisser était plusieurs crans au dessus l'an passé, les Cavaleras vont à l'essentiel dans le répertoire du groupe : Refuse/Resist, Territory (Igor!) et Roots Bloody Roots. Nous avons encore droit au fils, beau fils, cousin, neveu, je ne sais plus enfin bref les héritiers Cavalera qui s'emparent des instruments sur une reprise de Nailbomb. Un concert somme toute très honorable des frangins. Sous la Terrorizer, Grand Magus chauffe une partie du public au heavy metal suédois veste à patchs et chant perché. Bien loin de ses considérations, c'est Mr Big que l'on retrouve sur la Main Stage 1 : une occasion en or de revoir le line up originel fraîchement réuni.

Ce concert va sûrement offrir à nos yeux fatigués la plus grande aisance technique du festival : un classic rock nerveux où excellent Paul Gilbert à la guitare, l'immense Billy Sheehan à la basse. Eric Martin a des allures d'adolescent du haut de ses 51 ans. Le groupe a envie de s'amuser : il n'y aura pas de To Be With You à célébrer (ce n'est pas Final Countdown non plus) mais uniquement les titres enlevés qui ont fait leur réputation bien que le groupe soit davantage connu mondialement grâce à ses singles. Au programme donc les Addicted To That Rush ou Colorado Bulldog (on ne compte plus les notes), les nouveaux titres que sont Undertow et American Beauty ou encore les reprises de David Lee Roth (morceau écrit par Sheehan sur le premier album solo de Diamond Dave) ou des Who. L'heure du concert de Judas Priest approche à grand pas et la foule est de plus en plus dense.

En 2009, au Zénith, j'avais trouvé le groupe lent, usé donc autant dire que j'attendais pas grand chose de ce concert de leur tournée Epitaph. Le groupe n'avait pas non plus gagné en crédibilité avec la démission de guitariste KK Downing juste avant cette tournée qui se veut être leur dernière. Richie Faulkner apparaissait comme un clone de KK avec 30 ans de moins. Mais ce changement inattendu de line up aurait-il été salutaire ? Richie est très à l'aise scéniquement et techniquement. On a l'impression de voir un groupe boosté par ce sang neuf. La nouvelle recrue n'est pas cantonnée aux seconds rôles. Il est mis en avant et s'en accommode très bien. Pour célébrer la carrière du groupe, les musiciens ont choisi une set list vraiment particulière, jouant des morceaux inédits sur scène, exhumés de Rocka Rolla, leur premier album de 1974 ou encore l'incroyable Blood Red Skies, au feeling 80's. Les fans transplanent et les autres découvrent des territoires sonores inexplorés. Rob Halford brille de mille feux au propre comme au figuré. A bientôt 60 ans, le Metal God est dans une forme vocale exceptionnelle. S'il demeure sur certains titres retranchés sur son micro en début de set, il se met vite à parader conscient d'atomiser les foules. Les classiques Breaking The Law, Painkiller, Hellbent For Leather (avec la moto) et You've Got Another Thing Comin' enfoncent les clous de leur manteau dans nos cordes vocales qui ne demandent que ça. Judas est venu et a vaincu. Le concert metal lyrique de Therion permet de nous remettre de nos émotions (à nouveau) car en ce dimanche, c'est OZZY OSBOURNE qui headline et revoir le Madman à Clisson est émotionnellement très fort.

En 2007 au Fields of Rock hollandais, il était encore entouré de Zakk Wylde et Mike Bordin et était en très grande forme. Qu'en est-il ce soir, surtout après le fantastique concert de Judas Priest ? Les doutes s'estompent en deux seconde et demi : le temps de lancer le premier titre de sa carrière solo : I Don't Know ! Le son est excellent, ses musiciens (Blasko, Gus G, Clufetos et Wakeman jr.) sont excellents. Et Ozzy est Ozzy. Il quitte son pied de micro toutes les 30 secondes pour s'en éloigner de 50 cm et revenir, invective sans arrêt le public ("I can't hear you"). A 62 ans, on peut le comprendre mais Ozzy est resté un grand enfant : arrose les photographes et surtout son sourire ne quitte jamais son visage. Ozzy s'amuse et nous terriblement. Noël 1993, je découvrais fiévreux son Live and Loud et voilà que près de 20 ans plus tard, il en joue les classiques à quelques kilomètres : Suicide Solution, Bark At The Moon, Mr Crowley (!!!!), Road To Knowhere, Shot In The Dark, I Don't Want To Change The World. Et que dire quand Ozzy nous hurle les tables de la loi du heavy metal : War Pigs, Fairies Wear Boots, Iron Man de Black Sabbath après que le Prince of Darkness se soit posé durant Rat Salad, laissant son groupe reprendre seul cet instrumental. Beaucoup ont l'occasion d'hurler enfin en chœur le "All Aboard" de Crazy Train avant d'avancer vers les "rappels". Ozzy ne sort même pas de scène. "Vous en voulez une autre ? Je vous entends pas ! Bon ok Mama I'm Coming Home" qui a tout de la célébration. La conclusion de ce moment unique ne peut être qu'un Paranoid lancé avec la même énergie communicative.



Difficile d'apprécier ensuite à sa juste valeur le concert d'Opeth. Les superbes notes de In My Time Of Need accompagneront notre sortie. Il s'est encore passé des instants incroyables lors de ce Hellfest 2011... Vivement 2012, toujours à Clisson mais sur un nouveau site. 2012 : un nouveau départ ? On l'espère oui. Gojira, Megadeth, Machine Head, Tool ? On les espère aussi. Mais une chose est sûre, comme cette année, le public répondra présent.

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