Une Séparation

Ours d'or du meilleur film au festival de Berlin, Une Séparation confirme ce que Les Chats Persans ont pu nous apporter en émotions l'an passé. Le cinéma iranien lutte et dans un contexte difficile nous offre des œuvres universelles.

Asghar Farhadi est l'auteur d'une histoire qui pourrait avoir lieu dans un tout autre pays. Une épouse ne supporte plus que son mari puisse continuer de s'occuper de son père atteint d'un stade très avancé de la maladie d'Alzheimer. Une fille de 11 ans qui se trouve au milieu de ce conflit bien malgré elle. Une autre jeune femme enceinte qui accompagnée de sa petite fille vient gagner le peu d'argent que son mari, au chômage et à la merci de ses créanciers, ne peut assurer. Elle s'occupe donc de ce vieux monsieur. Le contexte social iranien apporte une dimension incroyable au film qui de la première à la dernière image vous prend à la gorge sans jamais vous lâcher. La justice y est kafkaïenne. On y risque gros (provoquer une fausse couche est un meurtre qui peut vous envoyer de un à trois ans en prison). Les différences sociales ne s'estompent pas si facilement. Nader et Simin, femme iranienne occidentalisée, vivent bien dans l'appartement du père que le mari ne veut pas abandonner pour partir à l'étranger comme elle le souhaite. Les scènes avec lui sont d'ailleurs extrêmement touchantes, nous rappelant explicitement le besoin de l'autre en situation de dépendance (la scène du baby foot est très émouvante et drôle à la fois). Une filiation que le fils est prêt à mener jusqu'au bout quitte à sacrifier son mariage. Razieh et Hodjat vivent bien plus difficilement et se rattachent à la religion pour justifier leurs actes. Razieh est en doute permanent pour savoir ce que le Coran lui autorise ou non (consultant un service téléphonique dispensant le bien du mal). Jurer sur le Coran fait office de serment absolu pour elle, beaucoup moins pour son mari (l'incroyable "Je prends ça sur moi"). Pour elle, la vraie justice est rendue par Dieu, ce qui va conditionner une intrigue haletante. Si elle peut être oppressante parfois dans les scènes close-up au cœur des disputes, cette histoire est parfaitement menée en deux heures avec cette ellipse qui permet le rebondissement inespéré. Un grand film.

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