Late Turner - Painting Set Free - Tate Britain - London

Tout près du Parlement, Tate Britain fait face à la Tamise et célèbre des siècles d'art britannique. L’œuvre de Turner y a toute sa place dans la collection permanente et aussi dans le cadre de cette exposition temporaire d'envergure. Le peintre est décédé en 1851. En 1835, il a 60 ans. Sa santé décline, sa vue également (ses lunettes de presbyte sont exposées), sa réputation quelque peu mais il voyage toujours autant, souvent seul. Il reste ainsi tout à fait inspiré et créatif. Son fameux Rain, Steam and Speed fut exposé en 1844. L'exposition revient sur ces dernières années pour la première fois. Après sa mort, ses œuvres et le contenu de son atelier sont revenus à l’État sous le contrôle de John Ruskin, exécuteur testamentaire, lui qui était son mécène. Deux temps sont intéressants : son respect des thèmes classiques ainsi que son abstraction progressive, toujours guidée par sa projection de la lumière sur ses œuvres. Pour la première fois depuis 1839 sont présentés conjointement Modern Rome Campo Vaccino et Aggripia Landing with the Ashes of Germanicus.



On lui a reproché son manque d'imagination sur sa fin de vie car l'artiste a repris des tableaux plus anciens pour les terminer en vue d'une exposition. On pense ainsi à The Hero of Hundred Fights qui fut créé de 1800 à 1810 mais fut ressorti en 1847 ou encore The Wreck Buoy, peint en 1807 mais exposé en 1849. Regulus fut exposé dès 1828 mais on apprend que Turner ajouta de la couleur in situ, le tableau accroché de nouveau en 1837.


La mer fut sa principale inspiration. On la retrouve sur de nombreuses "studies", parmi les 20000 aquarelles retrouvées dans son atelier à sa mort. Certains sujets nous intéressent plus que d'autres. On détourne presque les yeux de ces tableaux représentant la chasse à la baleine. Il faut dire que le baleinier et propriétaire d'une raffinerie d'huile Bicknell fut un de ses mécènes. Par contre, A Disaster at Sea (1835) pique notre curiosité. Il rappelle le naufrage de l'Amphitrite à Boulogne en 1833 qui causa la mort de 108 femmes et 12 enfants. Le capitaine n'avait pas voulu accoster de crainte que ces personnes, condamnés et prisonniers, puissent s'échapper.


Turner fut aussi innovant sur les supports. Il utilisa tardivement des formats carrés. Pour ses dernières aquarelles, il s'appuya sur un papier spécial imprégné de colle animale moins absorbant et plus simple pour que ses couleurs se diffusent. Les paysages de montagnes suisses marquèrent aussi les années 1840 comme ci dessous The Blue Rigi, Sunrise.


Ces jolis paysages passionnaient moins les collectionneurs comme Ruskin. Pour sa dernière exposition à la Royal Academy of Arts en 1850, Turner est revenu à des sujets classiques mais pas avec le même charme et la même réussite (Mercury Sent to Admonish Aeneas).


Aujourd'hui, l'artiste prête son nom au prix le plus prestigieux pour un artiste contemporain britannique. Le Turner Prize est décerné depuis 1984 et a récompensé entre autres Anish Kapoor, Damien Hirst ou Jeremy Deller.  Les quatre finalistes sont exposés dans le musée : James Richards, Tris Vona-Michell, Duncan Campbell et Ciara Phillips. Les trois premiers sont peu convaincants contrairement à Ciara  très intéressante dans son travail sur les grands formats d'impression qui pourraient s'approcher du pointillisme si l'artiste variait les couleurs sur la même œuvre. A suivre !

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