Chilly Gonzales - The Hub - Edinburgh - 09/08/2015

Au mois d'août, Edinburgh brûle d'intensité. Ce ne sont pas les fraîches températures qui réchauffent les habitants et les (très) nombreux visiteurs mais la tenue du Festival International et son "off" le Fringe : "with over 3000 shows and more than 300 venues, we're the largest arts festival on earth". Nous reviendrons sur celui-ci dans un prochain article. Commençons notre périple culturel dans le quartier général du Festival "In"ternational : The Hub. En 1999, cette église du XIXe siècle à l'architecture victorienne est devenue un lieu d'événements culturels. C'est Jason Beck aka CHILLY GONZALES qui lance les Hub sessions pour l'édition 2015. Cette année, l'artiste canadien a publié l'excellent Chambers en collaboration avec le Kaiser Quartett. Chilly compare le mariage de ses arrangements avec violons, alto et violoncelle à la force d'un groupe de rock auquel s'ajoute un fin batteur. Au delà d'un concert d'une très grande virtuosité, le spectacle se veut aussi pédagogique. Grâce au personnage, on va aussi beaucoup rire.


En attendant, Chilly Gonzales arrive sur scène, dans ce cadre magnifique, en peignoir de luxe sur ses vêtements. Sans un mot, avec des remerciements que l'on lit sur ses lèvres, il interprète plusieurs morceaux seul au piano issus de ses Solo Piano albums. Placé idéalement au quatrième rang près du piano, la vue est parfaite sur ses mains. Doux, percussif, mélodique, terriblement juste et entraînant, son jeu est d'une qualité rare. Puis, il s'adresse au public annonçant l'entrée du Kaiser Quartett. Les musiciens s'installent timidement. Et voilà que Chilly commence son morceau et le poursuit toujours tout seul, toujours plus démonstratif avant que l'ensemble de cordes le rejoint sur la dernière note : si mineur. Un grand rire spontané parcoure l'assistance. Et voilà qu'arrive la première leçon du Professeur Chilly chargé de réhabiliter le mode mineur auprès d'un public qu'il estime conquis. Ce mode mineur va très bien d'après lui aux Ecossais, peuple mélancolique ! L'effet fonctionne à merveille. Puis, il démontre, exemples à l'appui (Chariots de Feu de Vangelis, le thème d'Happy Birthday), la différence d'ambiance entre les deux modes au milieu de rires et sourires. Collaborant avec Daft Punk ou Jane Birkin, Chilly Gonzales a toujours défendu la force de la mélodie pop dans le monde de la musique classique. Eleanor Rigby des Beatles "ou Elisabeth Rosbee des Rolling Stones" sonne merveilleusement ainsi jouée par le quartet ! Sur Chambers, ils ont essayé de conserver la sève de cette veine mélodique. Advantage Points, leur single clipé avec les mecs du Palma Show (ici) en est la meilleure preuve. Sample This  le démontre également. Chilly Gonzales est aussi celui qui a mixé la musique de chambre et le rap ! Il n'est d'ailleurs pas bon d'être au premier rang sur ce répertoire. Le premier spectateur qui se revendique rappeur se fait bien clasher (mise en scène bien étudiée). Et surtout les postillons volent dans tous les sens sur les couplets de The Grudge. Pour lui, le "beef" (comprenez rap battles) ne date pas d'hier. Au XIX, la rivalité était du même tonneau entre Brahms et Wagner. Il demande à l'assistance qui aime la musique de l'un puis l'autre. Et il montre sa désapprobation quand certains répondent au nom de Richard Wagner. "Really ? Just Google "Wagner" and "Jews".." Il rappelle qu'il fut un antisémite notoire. Mais c'est tout de même plus en jouant du Brahms qu'en dénonçant l'autre que Chilly rend hommage à l'un de ses artistes préférés. Puis, quand il demande au public quel morceau il a envie d'entendre, l'ensemble part au quart de tour sur Knight Moves ("on sait la jouer celle-ci ?" mais bien sûr ah ah). Standing ovation à la sortie de scène. Les musiciens reviennent assez rapidement et la fin du set va prouver qu'avec de l'imagination, on peut surprendre encore et encore. L'effet du premier morceau est assez simple. Entre deux partitions, il sonne une petite clochette posée devant lui sur le piano pour changer énergiquement de rythme en groupe. Puis, la scène est entièrement plongée dans le noir pendant le second morceau de rappel. L'ouïe est en éveil ! Seuls deux spots vont tout à coup s'éclairer en direction du batteur qui cette fois-ci brille sur un solo de trompette. Enfin, la simple et efficace mélodie du dernier titre est entonnée d'un bout à l'autre du morceau par le public pendant que les musiciens nous régalent d'un bouquet final d'énergie et de maestria. Ce festival ne pouvait pas mieux se lancer. Ci dessous, le groupe est ravi dans le superbe escalier du Hub. Chilly est déjà ailleurs à réfléchir à une autre idée géniale à nous proposer la prochaine fois.

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