Fringe Festival - Edinburgh

Le Fringe est le "off" du Festival International d'Edinburgh. Depuis 1947, il transforme la ville pendant le mois d'août. "Defying the norm!". Autoproclamé "Largest arts festival on earth". Le programme est gros comme un catalogue de La Redoute pour recenser les "3000 shows and more than 300 venues". Le Free Fringe (les artistes sont payés au chapeau) fête aussi sa 20é édition.  Parmi cette offre foisonnante, nous avons été conseillé ou nous avons suivi notre inspiration, souvent pour le meilleur. Chronologiquement, commençons par le standup de KATE SMURTHWAITE, The Wrong Sort of Feminist


Dans le sous-sol de Ciao Roma, elle a juste besoin d'un micro, d'un écran et vidéoprojecteur, quelques notes pour lui rappeler l'ordre de ses mots et des personnes communicatives au premier rang. La comédienne pratique le stand up depuis une dizaine d'années et a un certain style mais semble surtout être connue pour ses positions politiques. Left-wing et féministe revendiquée, elle nous livre ses opinions. Celles-ci ne lui ont pas valu que des bouquets de fleur. Elle nous raconte qu'à la suite d'un débat télévisé, elle subit un bashing en règle de la part de supporters d'un leader de la cause anti-féministe, sur Twitter. Ce jour-là, elle imprima (!) la totalité des insultes qu'elle reçut (comme un parchemin déroulé ou un manuscrit de Kerouac). Elle tourne en dérision certains propos avec nous mais cette violence fait quand même froid dans le dos. WENDY HOOSE aborde aussi un sujet grave, l'handicap. D'abord, on ne le devine pas. Johnny McKnight a écrit un début de spectacle où un jeune homme rejoint une jeune femme glissée en nuisette sous les draps. Mais, tout à coup, il découvre qu'elle n'a pas de jambes. Alors que le propos est tragique, la pièce devient plus drôle que jamais. Amy Conachan parle de sexe mais aussi de sa fille, transforme son accident en fantaisiste film d'horreur pour moquer James. Il lui rend bien à propos de la cuisine adaptée ou le baby phone. Cet humour finit par les rapprocher au son de Lady Gaga. Et quel plaisir de découvrir tous ces mots écossais.


Toujours dans le registre de l'humour, les SPONTANEOUS SHERLOCK font un carton tous les soirs, au Liquid Room. La règle est simple. Chaque spectateur reçoit avant le spectacle un bout de papier sur lequel est écrit "Sherlock and..". Il peut écrire tout ce qui lui passe par la tête "Sherlock and the beautful witch with cutty sark", "Sherlock and the bogles", "Sherlock and the Edinburgh School of English". Chacun glisse le papier dans un chapeau puis un d'entre eux est tiré au sort. Et c'est parti pour une heure d'improvisation complétement folle sur ce thème par trois jeunes comédiens de grand talent. La musique est aussi jouée live. Ce soir-là, Sherlock et Watson ont du résoudre l'énigmatique meurtre d'un fameux compositeur de comédies musicales. Les trois garçons ne lésinent pas sur les perruques, les acrobaties, mimes et mimiques. Il n'est pas rare que des spectateurs y retournent à plusieurs reprises, toutes différentes. 


Le Fringe réserve aussi de belles surprises musicales. Au sous-sol du pub The Royal Oak, sont régulièrement organisées des sessions live acoustiques (documentaire ici). Nous avons eu la chance d'assister au concert de GONE NATIVE, musiciens d'Edinburgh. Kevin Gore fut le premier à prendre sa guitare pour interpréter de magnifiques compositions folk, au message fort sur les migrants, Thatcher.. La voix remplit l'espace et nous fait voyager. Puis, c'est Bobby Nicholson, au jeu de guitare aussi malin et insaisissable que son regard. Ses mains tremblent entre les morceaux, jamais pendant. Son père nous confiait qu'il est audacieux de tenir des propos politiques (comprenez pro-indépendance) dans le cadre d'une référence comme le Fringe. Mais une des devises de ce festival n'est-il pas "shows without boundaries" ? Le dernier titre fut plus qu'un duo entre eux sur Wild Mountain Thyme. Cet hymne fut écrit par Francis McPeake, adapté du poème de Robert Tannahill, contemporain de Robert Burns. Appréciez le morceau ci dessous en gardant en tête que le soir où nous y étions, les voix résonnaient encore plus dans l'assistance.



Terminons par un peu d'art. Les musées sont gratuits à Edinburgh et bien plus intéressants qu'à Glasgow. Dans les collections permanentes, les amateurs de surréalisme trouveront leur compte. Ce mois de festival, il est aussi possible d'apprécier les expositions temporaires de Lichtenstein ou Escher. Mais, c'est au College of Art que la séduction opère. Les étudiants présentent leurs travaux de fin d'études, arts plastiques, prêt à porter, design... On retient particulièrement l’œuvre de TZU-YUN HUANG ou UNICORN HUANG (son blog ici). Ses livres de voyages sont jolis comme tout et témoignent bien plus qu'un blog..


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