Mildred Pierce

HBO a encore réussi un coup de maître. Adaptant le roman de James M. Cain en cinq épisodes, la chaîne câblée décroche le record des nominations (21) pour les Emmy Awards qui auront lieu le 18 septembre prochain. Mildred Pierce est le nom du personnage incarnée par la toujours parfaite Kate Winslet.

Cette dernière porte littéralement cette "mini-série" dont le format se rapproche beaucoup plus du cinéma que de la télévision : chaque épisode dépasse les 60 minutes et le dernier dure plus d'une heure et quinze minutes. En près de 6 heures, le spectateur traverse la vie mouvementée de l'héroïne. Dans la tourmente des années 1930, elle quitte son mari ruiné. Bert va se montrer toujours sympathique et d'humeur égale au cours de l'histoire mais elle ne peut tolérer à ses côtés un homme qui ne travaille pas et fricotte avec la voisine (cela se confirmera avec le passionné Monty Beragon). Mildred n'a rien d'une desperate housewive dans la banlieue de Los Angeles, Glendale en l’occurrence. Elle s'assume en self made woman, dans son intérêt et celui de ses deux filles. L'histoire que Mildred entretient avec ses enfants est aussi important dans l'histoire que sa réussite professionnelle dans la restauration à Hollywood ou Malibu. Souvent tragique, ce destin familial est aussi incarné avec force et venin par sa grande fille Veda, jouée sur la fin de la série, par Evan Rachel Wood, l'ex de Marylin Manson. S'il n'est pas question de rock indus mais plutôt d’opéra (de sublimes airs interprétés par Sumi Jo dont la fin de l'épisode 4, magnifique en français), Veda, par sa décadence, offre un alter ego presque maléfique à sa mère Mildred. Après Mad Men et Boardwalk Empire, cette série célèbre l'American Way Of Life. Si le cinéma n'a plus confié de rôle comme celui-ci à Kate Winslet depuis Les Noces Rebelles, c'est HBO que l'on remercie.