Lo Real / Le Réel / The Real - Festival Theatre - Edinburgh - 20/08/2015

Israel Galvan est le créateur chorégraphe et le principal danseur de Lo Real / Le Réel / The Real. Pour ce spectacle de flamenco contemporain, il reçut trois Premios Max, prestigieuse récompense du théâtre espagnol. Israel Galvan est une référence du flamenco avant-garde et on le comprend très vite. Le début du spectacle (qui frôle les deux heures) repose exclusivement sur les percussions que le danseur produit avec ses mains (sur son corps) et ses pieds (sur le sol). Il malmène son corps comme les hommes furent violentés dans les années 1930. 


Le questionnement du spectacle apparaît progressivement et intelligemment mais le contexte est bien celui de la Guerre Civile Espagnole, Franco puis la politique d'extermination des Nazis envers les Juifs et les Tziganes. Des panneaux sont extraits de la scène pour que s'y projettent les titres de chaque acte avant d'être violemment renversé au sol. La pièce n'est en rien anxiogène. Le chant espagnol (surtitré en anglais) réchauffe et le jeu de guitare de Juan Gomez "Chicuelo" est vraiment impressionnant (allez jeter une oreille à son album Diapasion). Ce sont les mouvements du danseur qui guident le rythme et les cassures, comme un chef d'orchestre. Et on compte plus d'un talent parmi cet orchestre. Dans l'ombre, en fond de scène, d'autres musiciens, danseurs, chanteurs assistent au spectacle, comme nous, avant d'entrer dans la lumière. Certaines chorégraphies sont accompagnées d'une musique free jazz parfaitement adaptée à la frénésie des pas. Les danses habitées d'Isabel Bayon ou Belen Maya nous font comprendre l'urgence de la situation. Mais on rit aussi franchement pendant la prestation de la ronde Carmen ou pour l'improbable écran de publicité pour l'insecticide Raid. Le second degré est possible même sur un thème dur comme celui-ci. Comment représenter l'enfermement dans un spectacle de danse ? Des techniciens font grincer sur le sol de lourds poteaux métalliques avant de les disposer debout sur la scène. Israel Galvan, de retour en fin de spectacle, danse avec eux autant qu'il les heurte. Puis, les voilà disposés sur le sol tel des rails de chemin de fer.  Enfin, une poursuite de lumière émerge d'un angle de la scène. Comme happé par celle-ci, l'acteur guide ses pas vers son fatal destin.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London