Flaesh - Rudolfinum - Prague

La dernière image que l'on voit de l'exposition est celle de Louise Bourgeois (shootée en 1982 par Robert Mapplethorpe) avec un énorme sexe en plâtre et latex sous le bras (ici). Ce cliché nous fait bien comprendre la douce folie de cette femme majeure de l'histoire de l'art contemporain. Décédée en 2010 à l'âge de 98 ans, ses derniers travaux furent réalisés en collaboration avec une autre artiste à l'honneur de Flaesh, Tracey Emin. Do Not Abandon Me associait en 2009-2010 des peintures de Louise et des dessins ou annotations de Tracey. On en voit quelques extraits dans la dernière salle de l'exposition du Rudolfinum. Chaque artiste est présentée dans des pièces distinctes mais c'est en arrivant finalement dans la salle consacrée à Louise Bourgeois que cette association d'artistes fait sens. Entrons donc dans l'univers de Louise Bourgeois et ses disciples, Tracey Emin, Marlene Dumas, Berlinde de Bruyckere et Kiki Smith. Des femmes clairement influencées par l’œuvre de Louise et qui en perpétuent l'irrévérence. 


Les studios de chacune ont participé à la sélection des travaux, choisis avec soin. De plus, dans chaque pièce, une vidéo est diffusée les présentant dans leurs environnements. C'est très intéressant de les voir évoluer en atelier et de croiser leur regard "de ouf". Excuse my french mais cette expression sied bien à Marlene Dumas. Millionnaire grâce à son art, elle semble toujours totalement barrée dans un capharnaüm de pots, pinceaux, travaux préparatoires et toiles. On peut voir ce documentaire ici avant d'apprécier ses aquarelles, digressions autour de la figure de Marie Madeleine.


Cette exposition nous permet de découvrir une excellente série de la BBC intitulée What Artists Do All Day (ici). Comme pour Marlene Dumas, on sent chez Tracey Emin cet irrépressible besoin de peindre. Elle avoue même dans l'épisode qui lui est consacré (ici et ici) qu'elle ne peut pas être artiste et mère. Soit elle ne pourrait consacrer assez de temps à son enfant, soit elle serait une maman à 200% et la peinture lui manquerait trop qu'elle n'en serait pas heureuse. On voit pourtant dans le film que son quotidien n'est pas que créatif. Elle est aussi beaucoup sollicitée pour gérer son business à travers le monde. Pour Flaesh sont réunies des installations et de larges broderies inspirées également d'Egon Schiele.


Personnellement, Berlinde de Bruyckere est la sensation de ces dernières années. Vue à Venise dans le pavillon belge en 2013 et à nouveau dans l'expo Proportio cette année (ici), l'artiste belge est unique pour créer des sculptures de cire. Sa capacité à créer des corps informes répond parfaitement à la problématique de Flaesh. Pour celle-ci, elle va encore plus loin que ce que j'avais pu voir. Sa Piëta est troublante tout comme Aan-één. Placé dans un cabinet en bois de l'époque coloniale, l'artiste y a placé une œuvre fait de peau de cheval pour rappeler les horreurs de la guerre. Fascinant et effrayant. La vidéo projetée dans la salle, présentant son travail, est visible en ligne ici.




Créant depuis les années 1970, Kiki Smith est, elle aussi, bien perchée. On la découvre dans l'extrait documentaire dans son atelier de Florence puis sur les lieux d'une expo en préparation à San Gimignano. Quelques sculptures assez pop regardent des dessins réalisés sur de grandes toiles de papier népalais. Sûrement la salle la moins passionnante.


Heureusement donc que la boucle est bouclée dans la dernière salle consacrée à Louise Bourgeois. Il est indéniable que sa sculpture-installation Arched Figure a inspiré Berlinde de Bruyckere. Ces corps courbés, ces corps qui souffrent, ces corps que l'art fait vivre.


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