Le Ruban Blanc

Primé de la palme d'or au dernier festival de Cannes, le film est depuis sa sortie devenu un véritable succès critique et public. Un public averti.


En effet, le Ruban blanc n'est pas franchement facile d'accès. Langue allemande, noir et blanc, des images dures et puis le style narratif caractéristique de Haneke. Revenons sur tous ces points. L'utilisation du noir et blanc offre une qualité de photographie assez exceptionnelle et colle parfaitement à l'époque du film, précédant la Première Guerre mondiale. La scène se déroule dans un village allemand d'où une langue renforçant la froideur de l'ensemble. Il faut aussi ajouter le contexte socio-culturel : un protestantisme rigoriste et une relation dominant-dominé entre le baron et les paysans qui rappelle les seigneuries médiévales. Les images sont dures à supporter car elles touchent à l'enfance. Le casting est particulièrement réussi car ces "gueules" mi ange mi démon transpirent d'émotion. C'est d'ailleurs assez surprenant de les voir sur leur 31 à Cannes. La performance d'acteur est d'autant plus remarquable car elle touche à l'inceste, l'handicap, une violence de sang froid. Seule l'histoire d'amour candide de l'instituteur apporte un coin de ciel gris clair dans une obscurité que seules les lampes à pétrole éclairent. Haneke est, dans ce contexte, fidèle à lui même : une contemplation de la cruauté (des plans fixes d'où surgit l'horreur) et une volonté de ne pas apporter de réponse. "Was ist der Tod ?" demande Rudi à sa soeur. Ces enfants vivent dans un monde où on leur cache beaucoup de choses et où ne leur laisse pas la possibilité d'apprendre en se trompant. La faute ne peut être que pêché. On revient à la problématique du film qui se veut universelle. Ce film serait une étude de cas montrant que la frustration mène à l'extrémisme, au terrorisme, dans un village allemand de 1914 tout comme à Gaza. Le film offre pourtant un raccourci trop rapide. Ces enfants des futurs Nazis en raison de leur éducation et de leur précoce prédisposition à la violence ? Et l'embrigadement, la propagande, le traité de Versailles, la crise économique, la terreur qui adviendront ? Bien d'autres raisons peuvent être évoquées. Le film offre un point de vue artistique crédible sans l'enrichir d'une perspective historique. Un manque ou pas. Pas de réelle réponse à l'histoire. Pas de musique sur le générique de fin. Des manques? Non, des choix. Pour renforcer le malaise. Un choix.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London