La Ligue 1 aux Girondins

Après un septennat durant lequel Lyon a dévoré l'opposition, Bordeaux relance l'alternance dans le foot français. Comment en est-on arrivé là ?

Abandonnant le titre à la dernière journée l'an passé, les Girondins ont recruté intelligemment avec les deux Yoan(n) : Gouffran (qui avait décliné Paris) et bien sûr la vraie star de cette saison Gourcuff.

Ayant ciré le banc milanais la saison précédente, son volume de jeu fut irrégulier au cours de la saison. Son creux physique cet hiver aurait pu couter le titre à Bordeaux. Mais, quand Gourcuff est en forme, l'équipe devient irrésistible : d'exploits personnels en coup francs millimétrés, des kilomètres parcourus au service du collectif tout en sachant rester décisif dans le dernier geste. Le meilleur exemple reste son but de la dernière seconde contre Rennes qui fera gagner deux points précieux et maintenir le rythme du sprint final : 11 victoires consécutives.

Laurent Blanc sera toujours l'an prochain l'entraineur de Gourcuff. Le Président Triaud doit maintenant travailler dur pour bonifier ce groupe pour la Ligue des Champions. La priorité est de garder Chamakh (malgré la tentation Arsenal) qui a pris ses responsabilités de buteur quand Cavenaghi fut blessé et Bellion plus dans le coup. Il ne faut surtout pas casser la colonne vertebrale de l'équipe en conservant Diarra et Diawara. Il ne reste plus qu'à trouver un grand gardien (avec quelques doutes sur la compétitivité de Pelé, Carrasso serait parfait) et quelques alternatives sur les côtés aux Chalmé, Tremoulinas, Wendel, Gouffran.. Il est difficile d'affirmer que l'on entre dans une ére girondine car il sera déjà difficile de faire aussi bien que cette saison avec le doublé Championnat / Coupe de la Ligue. Faire rêver l'Atlantique avec une épopée européenne puis amener Gourcuff en pleine confiance vers la Coupe du Monde 2010, ça serait déjà beaucoup !
En Ligue des Champions, suivent Marseille et Lyon.

Gerets est le grand bonhomme de la saison Marseillaise. Il a réussi à tutoyer les sommets avec un groupe présentant quelques insuffisances : un meneur de jeu qui ne s'impose pas (l'échec Ben Arfa), des buteurs irréguliers (Niang souvent blessé, Brandao qui n'arrive qu'en 2009 et la fantôme de Koné), des boulevards dans la défense (Zubar... et Cana obligé de rendre service en défense centrale avant qu'Hilton ne s'affirme vraiment avec Civelli alors qu'il aurait bien soulagé Cheyrou au four et au moulin au milieu). Marseille aurait pu être champion grâce à une volonté de fer mais les points perdus au Vélodrome contre des équipes à 10 dérrière auront couté cher.
Lyon a aussi abandonné son titre à Gerland qui ne fut plus cette saison la citadelle imprenable des années précédentes. L'OL ne fait plus peur. Les absences de Govou et le départ mouvementé de Fred ont rendu Benzema bien orphelin en pointe. Le schéma de jeu de Puel était particulièrement frileux comme la politique de recrutement. A part Lloris irréprochable, les Pjanic, Ederson et Mensah n'ont pas pesé bien lourd cette saison. Déjà, des noms bien plus clinquants circulent pour la saison prochaine (Trezeguet en tête).

Mais au fait où finit Paris ? Ils ont eu l'occasion de passer en tête puis de prétendre à la Ligue des Champions et enfin à l'Europa Ligue. Mais, en fait, ils terminent 6e (battus d'un but au goal average) et ne joueront pas de Coupe d'Europe (qu'ils auront disputé qu'à moitié cette saison). Alors que la situation sportive s'était grandement améliorée, le PSG n'a pas pu s'empêcher de "criser". Villeneuve qui quitte son poste accusant les "étrangleurs ottomans", Makelele qui sort son autobiographie en parlant de "saletés" à éliminer du club, Le Guen qu'on jette au moment du sprint final, ce dernier qui traite Alain Roche d'incompétent et Rothen qui dit à peu près la même chose sur le président Bazin. On avancera quand même quelques arguments sportifs pour ce fiasco : la blessure de l'indispensable Hoarau pour les dernières journées, Landreau qui repasse par la case boulette et les inconstances de Guily et Sessegnon... Kombouaré va avoir une équipe à construire pour l'an prochain : une attaque Erding-Hoarau soutenu par Sessegnon ça a de la gueule mais encore faut-il leur témoigner de la confiance et de la sérénité jusqu'au bout.
Paris a donc laissé sa place européenne à Toulouse et à Lille.

Le TFC devrait garder Gignac, indiscutable meilleur buteur : physique, technique et décisif. Il doit aussi prolonger le bail de la forteresse défensive du schéma de Casanova : Fofana (qui a joué toutes les journées en intégralité) et Capoue en tête (Lyon est sur les rangs).
Bastos a été aussi un moment le meilleur joueur du championnat (meilleur passeur au final) puis s'est essoufflé dans les derniers matchs du LOSC. La chute du PSG leur permet d'accrocher la 5e place européenne. Lille doit aussi réussir à garder un effectif de première classe : Bastos (Lyon?), Cabaye (Bordeaux?), Rami (Marseille?) et Hazard (tous les grands clubs européens) vont être très demandés. Il lui faut aussi trouver un gardien et un avant centre à la hauteur (à moins que De Melo retrouve sa forme mancelle).
Sur le quai, on retrouve Rennes qui raté le coche en Coupe de France et paie trop cher les absences de longue durée de Briand et Mangane. Antonetti pourra au moins s'appuyer sur un centre de formation rassurant (Lemoine en leader).

La lutte pour le maintien fut aussi tendue til' the end. Le Havre, orphelin de Hoarau n'y a pas cru longtemps. Ses voisins de Caen n'ont plus réussi à gagner après la sélection de Savidan en équipe de France et sont relegués. Au sein de cet effectif, de belles affaires sont possibles pour certains joueurs qui n'envisagent pas de poursuivre leur carrière en Ligue 2 : Savidan bien sûr mais aussi Planté et Ben Khalfallah. Le Mans a eu chaud jusqu'au bout. Après un bon début de saison sous les ordres de Bertucci, le MUC 72 a commencé à s'effondrer quand les Norvégiens ont perdu leur influence et que Gervinho sombrait dans l'individualisme. Jeandupeux s'est alors dit qu'il fallait bétonner pour assurer le maintien. Au final, je n'ai jamais vu une équipe avec autant de défenseurs prendre de si nombreux buts. Un nouveau "vrai" coach doit être nommé vite pour préparer la dernière saison dans le vétuste Bollée avant le grand saut du MMArena. Le club va encore perdre des joueurs (Pelé, Coutadeur, Gervinho, Le Tallec mais ont-ils vraiment été décisif cette saison ?) mais peut s'appuyer sur un centre de formation (Corchia, Dossevi) et sur une vraie préparation estivale pour les Norvégiens. Par contre, 2010 est aussi une année de Coupe d'Afrique des Nations donc une partie de l'effectif ne participera pas aux journées de championnat du mois de janvier (ainsi que son nouvel entraineur Paulo Duarte également sélectionneur du Burkina Faso). Comptons sur le fait que les bons plans de Pascalou ne se tarissent pas (sur l'exemple de Goulon, un futur cadre du milieu).

Finissons sur Nantes... St Etienne fut aussi une autre légende du foot français en danger cette saison mais l'ASSE avait des joueurs. Même s'ils ne s'entendaient pas entre eux, au moins ils étient capable de marquer des buts et d'enflammer le Chaudron (Ilan, Machado et Matuidi pour les plus convaincants). Des stars qui ne sont pas sûrs d'être dans les rangs des Verts l'an prochain donc attention à la seconde saison de Perrin sur le banc stephanois.
Donc Nantes.... Deuxième relegation.... Dès le début de saison, c'était difficile d'y croire. L'effectif semblait léger pour la Ligue 1. Le savoir-faire d'Elie Baup a réussi à maintenir l'illusion jusqu'à la 37e journée.. Et pourtant, les dirigeants préparaient la Ligue 2 depuis deux mois... Super motivant pour les joueurs et le public. Les supporters semblent déchainer leur haine sur Kita. Est-il le seul responsable ? A quoi sert vraiment Pascal Praud ? Lariepe sait-il recruter ? Il y a eu quelques escarmouches : quand Capoue s'inventait Messi(e) avant de se blesser comme d'hab', quand Bekamenga nous mettait des buts à la Eto'o... Les comparaisons sont plutôt ironiques comme ces succès éparses de la poudre aux yeux.. Sur les trois clubs relégués l'an dernier, seul Lens remonte directement, accompagné du Montpellier de Costa et du Boulogne de Thil. Rien nous assure que Nantes va reprendre l'ascenseur et surtout rien nous dit pour le moment avec quels joueurs ("des perdants" selon Kita) et quel entraineur (Baup s'en va)
Nantes est complétement à l'ouest et les Girondins dominent l'hexagone avec un breton à la baguette !