L'entêtement - L'Espal - Le Mans - 11/12/12

Quelques jours après Amarillo, l'espagnol est toujours à l'honneur à l'Espal. L'entêtement est l’œuvre d'auteurs argentins et la scène se passe à la fin de la guerre civile espagnole en 1939 près de Valence. Quelques dialogues se font en espagnol surtitré, qui sonne certes beaucoup moins authentique que la troupe mexicaine. L'histoire se raconte trois fois de 17h à 18h14 sur un décor disposé sur une scène circulaire qui fait tourner et tourner cloisons plus ou moins transparentes, à travers desquelles les portes s'ouvrent et claquent. A travers cette scénographie très intéressante, il est question d'une liste condamnant des "rouges" peu appréciés d'un commissaire, proche des fascistes. Celui-ci aurait inventé une langue universelle. La pièce dure 2h20 et se serait bien passé de cette histoire de "katak"... La concentration s'évanouit pendant des longs passages très bavards et peu compréhensibles. Si l'intrigue n'est finalement pas passionnante, heureusement qu'on retrouve des acteurs exceptionnels. Pierre Maillet nous fait un numéro à la Guillaume Gallienne. En un clin d’œil, il passe du rôle d'un prêtre exorciste qui aurait bien besoin d'être exorcisé à celui d'une dame bourgeoise à talons hauts. Son travestissement a une certaine force comique. Mais la vrai star du soir est l'incroyable Judith Chelma. S'exprimant en français et en espagnol, elle incarne la fille délirante du commissaire. Comme possédée, hantée, elle tord son corps et son esprit. Bluffante dans la démence et l'impudence, elle devient cette jeune fille dérangée. A 27 ans, l'ancienne pensionnaire de la Comédie Française confirme son don, comme dans Camille redouble, pour jouer les femmes-enfant. En espérant pouvoir dire dans quelques années : "J'ai vu à l'Espal Judith Chelma, cette comédienne devenue totalement incontournable!".