Hellfest 2016

Le Hellfest 2016 fut encore une grande réussite. Les aménagements de l'année précédente assurent un confort que le météo n'a pas mis à mal. L'an passé, l'accès à la Warzone était devenu ingérable en raison de l'affluence. Des milliers d'euros ont été investis pour créer un espace presque lounge au pied de la déjà consacrée statue de Lemmy. Quand le Hellfest s'en donne les moyens, ça se voit !  Quand dirions nous si l'argent dépensé par les festivaliers ne serait pas réinvesti de façon ostentatoire ? On peut se permettre d'acheter nos places sans connaître les groupes présents, voire rater la quasi totalité du vendredi sans avoir l'impression d'être lésé. Les concerts s'enchaînent toujours de 10h30 à 2h. L'arrivée sur le site a pu être longue le samedi surtout. Mais aurions nous préféré une fouille légère dans le contexte ? Aussi, il était bien possible de se faufiler vers de bons spots pour apprécier les concerts en tête d'affiche. Ce fut certes plus difficile pour RAMMSTEIN qui a sûrement rameuté la plus grande foule vue à un concert du Hellfest depuis sa création.


Même un fan de Maiden m'a dit qu'il y avait plus de monde qu'à Maiden il y a deux ans ! C'est dire. Allez, on tente le record l'an prochain avec Guns n' Roses ?! Il y avait du monde devant les Main Stages et les leaders ont tenu leur rang. RAMMSTEIN a délivré un set best of (ici) précédé d'un nouveau morceau Ramm4 que tous les fans et curieux connectés sur Youtube depuis le début de la tournée connaissaient déjà par cœur. L'idée de reprendre les titres des morceaux pour constituer les paroles n'est pas nouvelle (Victory de Megadeth sur Youthanasia en 1994) mais le refrain simpliste "Ja Nein Rammstein" fonctionne très bien. Le groupe est on ne peut plus carré et nous réchauffe avec les effets pyrotechniques attendus. Flake ne vogue plus sur la foule pendant Seemann mais se fait cuire sur Ich Tu Mir Weh. Nous les avions vu une première fois au Zénith de Paris en novembre 2001 et ce sont les titres de cette époque Mutter qui font le plus chaud au cœur : Mein Herz Brennt et Sonne dont les flammes nous rougissent les joues, devant la console. BLACK SABBATH a aussi livré un concert best of, comme il y a deux ans. Mais c'était le dernier. Quand en 1993, grippé, le lendemain de Noël, dans mon fief vendéen, je découvre War Pigs sur le Live & Loud d'Ozzy Osbourne...


Je ne pouvais pas imaginer que (No More Tours ne voulait rien dire déjà) le dernier concert du groupe en France allait avoir lieu en 2016 à quelques encablures de mon département. Le Hellfest a quelque chose d'unique. Black Sabbath ne fera donc plus de concerts. Cette tournée "The End" nous montre une dernière fois les héros Ozzy, Tony, Geezer au top. Le son est absolument parfait et comme en 2014, il y a une ambiance de communion. On balance la gourmette et on mange les mots du maître de cérémonie. Ghost a pu bien assurer juste avant devant une foule immense mais il n'y aura jamais ce rapport au passé, aux repère de l'adolescence que l'on ressent viscéralement avec Black Sabbath et bien sûr chez MEGADETH. Quelques heures auparavant, face au soleil déclinant, Dave Mustaine a retrouvé la jeunesse éternelle. Pour la première fois à Clisson avec son nouveau line-up, il y avait une certaine attente, curiosité dans l'air. Les impressions par vidéo interposée sont confirmées en live. Kiko Loureiro et Dirk Verbeuren sont les meilleurs recrues du groupe depuis Marty Friedman et Nick Menza. Qu'il est triste de savoir que ce dernier est décédé d'une crise cardiaque, sur scène, le 21 mai dernier, dans le quasi anonymat d'une carrière post Megadeth. Le groupe a sorti un nouvel album, Dystopia, en janvier et le défend avec pas moins de cinq titres interprétés avec fougue et précision. C'est aussi agréable d'écouter à nouveau de très bons chœurs de la part de Dave Ellefson, en pleine cure de jouvence également. A Tout Le Monde n'est plus ce qui marche le mieux. Tornado of Souls et les autres classiques de Rust in Peace mettent tout le monde d'accord. Dave n'a pas besoin de bouger beaucoup les lèvres, on le fait pour lui (ici). 


On pourrait parler de KORN qui désormais vient tous les ans nous faire son set sans fausse note (ici) et avec un batteur toujours aussi plaisant à voir jouer. Ray Luzier a depuis longtemps fait oublier Silveria. Avec un i. Rien à voir avec le génial single de GOJIRA, Silvera (!). Le groupe a joué à l'heure du goûter mais c'est une vraie tête d'affiche. Magma, leur nouvel album, fait l'unanimité et venait de sortir deux jours avant. Il nous en parle avec la modestie qui les caractérise. Les musiciens ont exactement la bonne attitude. Comme Joe l'a si bien dit. Il n'est pas question de surjouer le Hellfest (comme l'ont un peu fait MASS HYSTERIA voire NO ONE IS INNOCENT avec La Peau qui leur brûlait les doigts, morceau arrivé tôt dans un set réussi par ailleurs) mais de donner au public la meilleure performance possible. Les nouveaux titres se rapprochent de la chair de From Mars to Sirius. Les riffs sont imparables et Joe assure toujours mieux au chant. Les grincheux peuvent se refaire un morceau de leur Hellfest 2006 1ere édition (ici). Sinon, tous les autres (et ils vont être nombreux, même au Mans ?), iront les voir jusqu'à plus soif en concert sur la longue tournée Magma, avec en point d'orgue la date à l'Olympia le samedi 1er avril.

 
Sinon, cette édition 2017 a permis de belles confirmations. KATATONIA nous a offert un concert d'une grande musicalité. Le chanteur Jonas Renkse se cache de moins en moins derrière ses cheveux. Même si la démarche est un peu gauche, le chant est remarquablement assuré. On préfère toujours My Twin aux nouveaux morceaux mais ceux-ci s'intègrent parfaitement dans une set list jouée par un guitariste fraîchement arrivé dans le groupe, tout comme Daniel ‘Mojjo’ Moilanen, batteur vraiment excellent. La veille, l'Altar avait été renversée par NAPALM DEATH. Barney Greenway est un phénomène. Trimballant sa carcasse vaguement bossue, il nous sert quelques speechs militants entre deux décollements de larynx. Pour les cerveaux préparés, la musique est plus variée que l'on peut penser. Mitch Harris n'est pas de retour dans le groupe et c'est toujours John Cooke qui riffe comme un malade à droite de Barney. Shane et Danny s'occupent du petit bois pour le feu. Le Hellfest est le festival des extrêmes et donc celui qui permet les plus grands écarts de style. Quelques heures avant Napalm Death, JOE SATRIANI a emballé la Main Stage 1. 


Ce n'était pas gagné d'avance. Un concert instrumental de guitar-hero. Il y a même un fan des Toy Dolls qui y resté, la bouche en cœur. L'artiste est bien sûr irréprochable de technique et les thèmes se calent dans les oreilles (Summer Song, Satch Boogie..). Il est aussi très bien entouré avec les fabuleux Marco Minnemann à la batterie et Mike Keneally à l'autre guitare. Après ce joli succès, nous avons donc une chance de voir Steve Vai lors d'une prochaine édition. Ce même jour, WITHIN TEMPTATION  a confirmé son statut sur la Main Stage 1. On aime l'envie que Sharon témoigne. Son duo inédit avec Tarja s'est ajouté aux autres virtuels avec Keith-Mina Caputo ou XZibit. Sinon, d'autres concerts ont ramené moins de monde mais on séduit par l'énergie déployée et partagée. A une semaine du Brexit et de France-Eire, les Irlandais de PRIMORDIAL ont conquis de nouveaux fidèles sous la Temple. On peut avoir le visage grimé et ne pas hurler comme un cochon. Alan Averill est multi tâche dans l'industrie du disque mais il ne mélange pas les torchons et les serviettes (à carreaux). Avec son groupe, il est sur scène pour conquérir. Un argument de force pour les Remain ! Stay Irish ! KVELERTAK peut être aussi un peu linéaire mais avec les litres de sueur dépensés ils peuvent remplir leur Mer du Nord. Prévu initialement le vendredi à 12:15, TREMONTI a finalement joué à 01:30 (en même temps qu'Abbath dans la tente d'à côté. Et je ne vous parle pas du camping mais de la Valley et de la Temple). Le guitariste d'Alter Bridge a vraiment donné envie d'écouter ses albums. Des rythmes thrashy et des refrains catchy. Ses musiciens occupent bien l'espace sonore, chœurs à l'appui. Une belle découverte qui s'ajoute à celle de SIXX:AM.


Dubitatif à l'écoute des albums, le groupe de Nikki Sixx assure vraiment bien en live. Maintenant libéré de Mötley Crüe tout comme DJ Ashba de Guns n' Roses, le bassiste (bientôt séxagénaire, il en fait seize) se donne vraiment à fond pour défendre son nouveau projet. James Michael est assez charismatique au chant et on accorderait une meilleure place aux deux choristes. Elles chantent vraiment et sont aussi très jolies. Plus tard, James, DJ et Nikki se sont incrustés sur scène avec Disturbed comme ils l'ont fait avec Megadeth, Korn et Alice Cooper sur cette tournée de festivals. On irait bien prier pour les damnés en salle désormais. Sinon, TORCHE a bien rempli le cahier des charges de la Valley tout comme KADAVAR. JANE'S ADDICTION pas vraiment avec un son très particulier sur lequel essayait de surnager Perry Farell. Enfin, le charismatique chanteur de VINTAGE TROUBLE nous a rappelé qu'en ces temps durs géopolitiquement, il est bon de se distraire. Le public s'est bien remué sur leur rythm and blues. Et pendant le festival, la ville de FALLUJAH (en Irak) a été libérée de Daesh. Le groupe de death mélodique qui porte son nom n'a pas non plus fait de quartiers sous l'Altar. Ah oui j'oubliais des gens ont connu 20 secondes de plaisir en passant par dessus la foule en tyrolienne. A l'année prochaine Clisson !

 Photos : Ozirith.com / Metalorgie.com

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