Vague de Jazz - Theâtre de Verdure - Les Sables d'Olonne - 26/07/2013

Le festival Vague de Jazz en est à sa 11e édition. Sont à nouveau organisées cette année dix soirées des Sables d'Olonne à Longeville sur Mer en passant par le domaine Mourat viticulteur renommé de Mareuil sur Lay. Comme l'annonce le programme : "Vague de Jazz est un festival de fidélité militant pour la création artistique, vague de jazz, impro, free, song, soul, pop, rock, blues, metal, les musiques de notre siècle". En effet, cette première soirée sablaise, à deux pas de l'océan dans les jardins du Tribunal, est vaguement jazz reprenant pas mal de codes des styles précités. Cette année, l'événement est parrainé par Médéric Collignon. Le cornettiste est une référence qui a remporté trois Victoires du Jazz en 2007, 2010 et 2013 (révélation puis meilleur artiste puis meilleur album). Il a forgé sa réputation en revisitant le répertoire de Miles Davis et a récemment triomphé avec A La Recherche du Roi Frippé : relecture du répertoire de King Crimson avec deux quatuors à cordes. Médéric Collignon utilise aussi sa voix comme un instrument ce qui lui a valu un featuring sur le premier album de Guillaume Perret & The Electric Epic, tête d'affiche du soir, qu'il accompagnera avec une énergie communicative.


Revenons tout d'abord sur la première partie, sur scène à 21h15 quand le soleil commence à tomber sur un océan marée haute. Jeanne Added, visiblement habituée des scènes vendéennes, commence à percer dans le monde de la scène indé au sens large. Elle a joué en première partie de Rachid Taha au Trianon, de Babx à la Gaité Lyrique ou encore de Mesparrow au Divan du Monde. Son duo avec Rachid Taha (sur le dernier album de celui-ci) lui a aussi permis de fouler la scène de Taratata. Pour lancer Vague de Jazz 2013, elle est accompagnée de Marielle Chatain qui joue par exemple sur le dernier album de The Do. Grande et jolie blonde, Marielle tient le rythme sur un tom puis accompagne Jeanne au synthé, triturant les sons tout en assurant les voix. Sa performance au sax baryton fut ce qu'il a eu de plus "jazz" dans ce concert, ponctuant The Ballad of Camden Town de notes élégantes. Sur ce morceau (que l'on peut écouter et son EP ici), Jeanne nous parle de ce quartier londonien dont elle a tout le look. On la verrait bien fouiner au Stables Market ou encore derrière sa basse et accompagnée de Marielle jouer le long de Regent's Canal. Sur un autre titre, on pense à Brighton et une de ses artistes, Bat For Lashes. Et sur le dernier morceau de la soirée au phrasé presque dancehall, on est projeté Portobello Road et son carnaval estival. Ce concert de Jeanne Added nous aura fait voyager. Les musiciennes sont en studio pour le premier album. On attend donc la prochaine escale.



La nuit tombe et des lumières rouges envahissent la scène (et le sax) à l'arrivée de Guillaume Perret & the Electric Epic. Leur premier album a été publié l'an passé par Tzadik, le label new-yorkais de John Zorn. Il fait même partie des Tzadik Spotlight Series qui met en lumière la nouvelle génération. Un Ep Doors a suivi. D'emblée, le quartet jouit d'une grosse réputation surtout quand le feedback de ses prestations live est excellent. Guillaume Perret répond à une formule qu'on ose plus trop utiliser de nos jours : la fusion ! Jazz, rock, metal, funk.. Les Electric Epic incarnent donc à merveille la définition affirmée de Vague de Jazz et aussi l'esprit John Zorn, saxophoniste, producteur et compère de Mike Patton. Et quand Médéric Collignon enchaîne les cris suraigus, les effets vocaux comme sur Kakoum, premier titre de l'album d'Electric Epic, on ne peut s'empêcher de penser à Patton. Et quand on lui souffle à la fin du set que l'esprit Patton a traversé les Sables d'Olonne, Guillaume Perret est clairement enchanté de la référence (évidente). Le quartet passe avec une aisance technique folle de rythmes jazz complexes à des thèmes mélodiques entraînants, d'une rythmique lourde à une belle envolée de notes (Circé). Le batteur Yoann Serra (qui joue dans l'orchestre national de Jazz tout comme le saxo de Klone à la sensibilité musicale proche), le bassiste Philippe Bussonnet (qui joue aussi dans Magma) et Jim Grandcamp à la guitare font évoluer une structure sur laquelle les cuivres dansent. Même si son pédalier fut un peu récalcitrant ce soir, Guillaume Perret aime à booster le son de son instrument de multiples effets. Ses échanges avec Médéric Collignon témoignent d'une grande complicité qui saute bien plus aux oreilles qu'une simple démonstration. Jeunes, dynamiques et décontractés, Guillaume Perret et Médéric Collignon permettent aussi d'ouvrir cette musique complexe à un public de vacanciers qui peuvent assister gratuitement à un tel concert (l'organisateur historique du festival a rappelé le coup de pouce d'un mécène local pour cette soirée). Et quand le saxophoniste demande si on veut "plus de zik", forcément les spectateurs suivent. Lors du morceau en rappel, le public quitte les sièges pour rejoindre le devant de la scène. La proximité dope Médéric (aux faux airs de Lance Armstrong) s'emparant des deux micros. Guillaume est au ras de la scène, presque sur le public. Et au dessus du toit qui protège les artistes, l'orage gronde, les éclairs fendent le ciel. Et près des douze coups de minuit, à l'issue de ce concert si dense s'abat le déluge sur les Sables d'Olonne. Un final électrique et épique !


Texte et photos : Cyrille Blanchard

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London