Primavera Sound - Day 2 - Barcelona - 30/05/2014

A l'ouverture des portes, il fait beau.


Puis, le déluge... Mais un déluge arc-en-ciel.


Lola Marsh immortalise la scène, comme à peu près tout le monde. Elle vient de se produire sur (dans?) la Ray-Ban Unplugged. C'est à dire dans une grande boite où l'on peut bien brancher des instruments. 


Il y a de quoi s'occuper sur le site du Primavera. Juste après les portiques d'entrée, Rough Trade vend disques et t-shirts de tous les groupes présents. Mais c'est le nombre de stands de sérigraphistes qui fait l'originalité du marché musical : Error Design, Mirjam Dijkema, Miscelanea, Senor Burns et les Français de "arrache-toi un oeil" (qui sera présent aussi au Hellfest). Flatstock est une véritable convention de sérigraphie de concert en place pendant le Primavera. Mais n'ayons pas peur des nuages qui gagnent le ciel et plaçons nous devant la grande Heineken Stage pour le concert de JOHN GRANT. Les premières notes sont accompagnées des premières gouttes et c'est le déluge mais ça vous le savez déjà. John aurait pu se passer de ses lunettes de soleil mais a bien fait de sortir le bonnet. Ainsi, on dirait vraiment Zach Galifianakis (Very Bad Trip). Mais, Mr Grant a vraiment une superbe voix souvent posée sur des notes de piano ou des boucles électroniques bien senties (Pale Green Ghosts). Les musiciens de Midlake avait parié sur le personnage pour lui produire son premier disque solo Queen of Denmark en 2010. Il termina d'ailleurs son set avec ce joli piano voix aux paroles plutôt décalées : "I wanted to change the world but I could not even change my underwear". On peut ainsi le comparer à Flight of the Conchords voire Tenacious D surtout sur son tube GMF "I am the greatest motherfucker that you ever gonna meet...". Ces paroles fleuries sont chantées avec une grande musicalité. John Grant réussit à capter l'attention sur des mesures à l'accompagnement minimaliste. Sur Glacier, son groupe attend longuement que se déclenche (enfin) l'envolée finale. On peut sourire en comprenant certains textes mais d'autres sont d'une grande beauté : "this pain is a glacier moving through you and carving out deep valleys and creating spectacular landscapes".


HAIM est le nom de famille (et donc de groupe) des trois sœurs qui ont rassemblé une belle foule sur cette même scène deux heures plus tard. Leur premier album a vraiment cartonné l'an passé dans le monde entier (numéro 1 en Angleterre). Soutenu par un batteur au t-shirt Mötley Crüe, elles nous présentent leur pop à guitares. Danielle Haim chante très bien selon une vraie tradition U.S. à la Pat Benatar (The Wire). Sa grande sœur à la basse est beaucoup plus "evil" avec sa robe rouge échancrée et ses attitudes grimaçantes. Les trois frangines finiront le set en s'emparant de baguettes pour martyriser des percussions et ponctuer les déflagrations de "hey" repris par l'assistance. Ou quand un Disney Club tourne au vinaigre! Balsamique! On ne retrouve pas du tout ce piquant pendant Slowdive et Sharon Van Etten.. Il est temps de se positionner pour le groupe le plus attendu de la journée : les PIXIES.


Le groupe s'était séparé en 1993 avant de se reformer en 2004. Mais il a fallu attendre dix ans de plus pour écouter un nouvel album : Indie Cindy sorti en avril, 17 ans après Trompe le Monde. Leur dernière recrue en date est celle que l'on aimerait voir jouer dans pleins de groupes, Paz Lenchantin (ah ce chignon... à 1:55 ici). On ne va pas retracer toute la setlist du soir car ils ont joué 29 titres en 90 minutes. Et mes voisins n'ont jamais été pris à défaut dans les paroles. Le public est vraiment constitué de fans qui doivent apprécier l'écoute de tous ces titres avec un son aussi excellent et une interprétation irréprochable. L'album Doolittle est le plus représenté mais c'est plutôt Surfer Rosa qui a emporté le plus de suffrages avec Bone Machine, Vamos et bien sûr un Where is My Mind? qui sonne dans la douce nuit de Barcelone. Surfer Rosa, leur premier album produit par Steve Albini, fut le grand disque qui inspira la scène grunge alternative des 90's, Nirvana en tête. Les nouveaux morceaux sont bien sûr moins repris par les fans mais coexistent très bien avec les classiques. De Bagboy à Greens and Blues, on retrouve toute la gamme Pixies, des refrains vaguement naïfs énervés ou mélodieux. Eux aussi ne les ratez pas si vous le pouvez. A revoir chez soi ici.


La foule s'est déplacée (en partie) vers l'autre grande scène qui fait face. Sur les écrans, on voit le groupe The National en coulisses sur le point d'entrer sur scène. Les Américains sont attendus par ce public très Pitchfork (en France on dirait "très Inrocks"). The National est aussi une histoire de famille. Les quatre frères Dessner accompagnent le frontman Matt Berninger. Son chant est plutôt surmixé. On le sent dans un état second. Il ferme constamment les yeux, envoie valdinguer son micro... Pas de temps à perdre face à une attitude plutôt prétentieuse et des titres qui se ressemblent tous. On passe rapidement devant Deafheaven, dont le chanteur s'égosille en vain, pour rejoindre une des plus petites scènes extérieures coincée contre la marina. Ce n'est pas tous les jours que KVELERTAK joue avec vue sur des bateaux de plaisance. 1:15 du mat' et le yacht devient drakkar!


C'est vraiment excellent de pouvoir assister au concert d'un jeune loup de la scène metal au sein d'une programmation très éclectique. Au Hellfest, ils joueront après Maiden, Death et Enslaved. La flemme peut poindre. Alors que dans la nuit espagnole, on est au "také". Comme d'habitude, Erlend Hjelvik débarque avec son hibou empaillé sur la tête. Quand il l'enlève, on voit à peine la différence tant Monsieur Cheveu exprime son animalité. Ses cris de barbare sont accompagnés de bons backing comme sur le tubesque Bruane Brenn (au clip excellent ici). Si le chanteur se démène comme un fou, les trois guitaristes abattent un boulot monstrueux. Maciek Ofstad transforme le groupe en machine à riff qui ne se relâche pas une seconde. Son camarade de gauche demande même à une jeune femme postée sur le côté de la scène de lui refaire son lacet. Pas le temps de s'arrêter de jouer. Comme le précise Rock Hard ce mois-ci, les Norvégiens vont entrer en studio après leur tournée d'enfer. A eux de canaliser en studio cette folle énergie qui anime leurs prestations live.

Photos (groupes) : Dani Canto (primaverasound.es)
Texte, photos, courtes vidéos : Cyrille Blanchard

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