Tatoueurs Tatoués - Musée du Quai Branly - Paris

Cette exposition est dite temporaire mais elle se situe juste au dessus des collections permanentes du musée, est gratuite grâce au pass éducation et est à l'affiche de mai 2014 à octobre 2015. Et on peut y croiser quelques jeunes femmes tatouées mais aussi pas mal de parents aux tatouages peut-être plus cachés. Ceux ci sont accompagnés de leurs enfants toujours très spontanés : "Beurk le monsieur a des tatouages dans les fesses". C'est sûr que l'anatomie (surtout masculine d'ailleurs) est exposée en photographie ou est reproduite en douze exemplaires en peau de silicone. "C'est un vrai bras???" "Non mon petit c'est un faux". Il faut dire que la ressemblance est frappante pour ces faux bras et jambes tatoués par les plus grands, dans des styles différents et nous permettant bien de comprendre l'histoire et la géographie de cet art. Chronologiquement, l'exposition nous renvoie aux origines. On découvre un avant bras tatoué d'un Péruvien de Trujillo. 
 

En effet, le tatouage était important pour la culture moche. Cette culture précolombienne s'est affirmée avant et pendant la civilisation Chimu. Le Moyen Age est comme absent de cette histoire. Les religions se sont opposées à cette pratique. Nos pas nous mènent vers panneaux et vidéos au sujet du tatouage pour les marins, les militaires, les prisonniers, les marginaux. L'exposition retrouve du sens quand elle organise ses explications géographiquement. On rappelle ainsi que Thomas Edison fut l'inventeur de la machine à tatouer électrique. Nos lectures d'interview de Rock Hard ont rendu familier les noms de célèbres tatoueurs contemporains, Grime et Paul Booth. Celui-ci est à l'origine de The Art Fusion Experiment avec l'important Filip Leu, célébrité suisse du genre. Ce n'est d'ailleurs pas si loin de son pays d'origine que fut retrouvé en 2011 le corps tatoué d'Ötzi conservé 4500 ans dans les glaces du Tyrol. Sur ce volet européen, on apprécie le travail du britannique Xed Lehead qui revendique son "dot work" ou pointillisme. Rusty Fields, longtemps considérée comme la femme la plus tatouée d'Angleterre aurait apprécié. Le fameux Tin-Tin a supervisé l'exposition et nous dévoile une des ses œuvres marquée comme toujours pour lui par le réalisme. Mais voudrait-on vraiment avoir Bourvil (même souriant) sur sa poitrine ?


Ce parcours sur le tatouage est placé juste au dessus des collections permanentes sur les civilisations d'Océanie. Ce thème est vraiment au cœur de ces cultures. En Nouvelle Zélande, pour cet art, on parle de "peha" ou "histoire de peau" que développent à l'envie Marc Kopua ou Chiné Tahiti Tatau. C'est aussi l'occasion de se poser quelques questions que l'on a pas le temps de se poser face à un pack des Samoa se précipitant sur le porteur. Angelina Jolie fut aussi ces dernières années une célébrité popularisant les techniques plus traditionnelles de tatouage. On la voit d'ailleurs photographiée en pleine séance. Il est bon aussi de rappeler qu'en Thaïlande par exemple le tatouage est considéré comme un talisman contre les maladies, les coups et les balles. Cela peut donner du courage à un champion de boxe thaï mais aussi il est précisé que cela peut favoriser la délinquance, ce sentiment d'impunité. La transition est donc toute tracée vers les Maras, gangs d'Amérique centrale, marqués à l'encre et qui ont investi les villes des Etats-Unis (MS 13 et MS 18, selon le numéro des avenues "conquises"). Isabel Munoz, photographe espagnole a réalisé une série de clichés assez sidérant. Ce regard ne nous quitte pas.


Enfin, si les motifs japonais très colorés sont toujours très populaires, il est bon de mettre en valeur le Canadien Yann Black qui est un véritable artiste contemporain du tatouage. Comme vous le pouvez le constater sur le modèle en silicone ci dessous, Mondrian n'est pas loin. Pour d'autres de ses œuvres, le street-art non plus.

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