Cinq jours en mars - L'Espal - Le Mans - 15/10/2014

Très vite, nous ne sommes plus vraiment au théâtre. Nous attendions du jeu mais nous avons de la narration. Le comédien vaudois Vincent Fontannaz nous conte, en devant de scène, l'histoire écrite par Toshiki Okada. Cette pièce du dramaturge japonais fut honorée du prix Kishida en 2005, récompense prestigieuse au pays du Soleil Levant. Elle nous raconte les cinq jours et cinq nuits d'un couple hors du temps lové dans un hôtel de Shibuya. Près de la gare de Tokyo, on croise la statue de Hachiko et gravit la pente de Dogen-Zaka mais une fois dans l"hôtel d'amour" on ne voit plus rien de tout ça car là-bas, il n'y a pas de fenêtres. Dans la salle de l'Espal, il n'y a pas de fenêtres mais deux portes qui mènent vers la sortie qu'un certain nombre de spectateurs vont emprunter dès la moitié du spectacle. C'est certain que ces cinq jours en mars peuvent parfois donner l'impression de durer un siècle. Pourtant, on peut écouter de la J-Pop électrique en live ou encore apprécier un long monologue de la brillante comédienne Olivia Csiky Trnka. L'artiste réussit à nous tenir en haleine au fil de son discours et à travers son expression corporelle. Elle s'investit par ailleurs dans des performances pour la Compagnie Full Petal Machine. Plus que le théâtre, il vaut donc mieux apprécier l'art contemporain pour vivre ce grand mezze de mars. L'impression est aussi positive pour le jeu de la comédienne Camille Mermet, très juste dans la candeur ou le burlesque, dans le violon ou le violent. Mais là où le bât blesse c'est qu'on s'intéresse finalement plus aux qualités des comédiennes qu'aux rôles qu'elles incarnent. Cela respecte certes le style d'écriture d'Okada qui paraît confus et un brin décousu pour "acteur 1" et "acteur 2". Le metteur en scène Yvan Rhis a aussi opté pour une occupation assez minimaliste de la scène. Notre attention doit se porter sur le plateau d'un groupe de rock peu éclairé qui se déplace... parfois. Certains choix de lumière créent des ambiances intéressantes, jouent sur les ombres mais il est quand même très difficile de nous faire croire à une manifestation contre la guerre en Irak avec deux néons et un coquillage. Au contraire, on se souvient l'an passé de la magie d'Illuminations faite de fumée rouge incandescente. Et la musique ? Nous adorons le live. Nous adorons le rock. Mais c'est d'une clé usb branchée sur la console que le meilleur effet arrive lors d'une épileptique scène sur fond de musique électronique. Malgré tout, nous ne suivons pas l'avis de ceux qui sont rentrés voir le JT de 20h. La pièce prend finalement un peu de sens sur le temps long. C'est assez drôle d'annoncer une pause de dix minutes (qui nous permet de profiter d'un solo de batterie et de sampling de Thierry Debons qui enseigne la percussion au Conservatoire de musique de Genève). L'histoire de ce couple est aussi sans cesse relancée sous différents angles. J'ose croire que l'on tend plus vers la dérision que vers la prétention. L'expérimentation est de retour à l'Espal et même si le public est partagé, nous ne nous en plaindrons pas.



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