Gone Girl

"You do know your wife". C'est sûrement une des répliques les plus courtes du film mais elle n'est vraiment pas anodine pour Nick Dunne. Au fur et à mesure, le spectateur apprend à connaître Amy et son mari Nick. "The Amazing Amy" devrait-on dire. Ses parents en ont fait une héroïne de littérature jeunesse. Imaginez pour nous Français l'existence parallèle d'une vraie Martine à la vie beaucoup moins trépidante !? Le dernier numéro pourrait ainsi s'intituler "Martine à Bedlam". Gone Girl fut écrit par Gillian Flynn et ce roman publié en 2012. Les Apparences (en français dans le texte) fut taxé de misogynie. Après Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes, Fincher reste dans le même registre ou l'inverse : "les femmes qui n'aimaient pas les hommes" ? La relation entre Nick et Amy a commencé dans une tempête de sucre.. Mais, celui-ci s'est vite caramélisé. Sans trop dévoiler, le personnage féminin est aussi désirable qu'effrayant. David Fincher n'a pas choisi une actrice que l'on identifie à un autre long-métrage connu. Rosamund Pike incarne ainsi parfaitement Amy. La sœur jumelle de Nick, drôle et émouvante "Go", est jouée par Carrie Coon, connue pour ses rôles à la télévision (The Leftovers). David Fincher caste très bien ses acteurs et les dirige à la perfection. Dans Gone Girl, Ben Affleck est tout à fait crédible en "average man". Sa femme disparaît donc subitement. L'opinion publique et la police s'interrogent. Est-ce un assassin ? Un homme vraiment malheureux ? Coupable ? Victime ? A travers ce fait divers, la société américaine est aussi critiquée : le modèle familial des suburbs, le voyeurisme des médias, la défense des valeurs morales. Nous connaissons les ressorts de ce type d'histoire sauf que le cinéma a enfanté de David Fincher. S'il choisit un livre à adapter c'est qu'il a craqué pour le meilleur. Puis, chacun de ses plans est une œuvre d'art à la précision diabolique. Et il sait aussi s'entourer d'autres génies. Depuis Zodiac, c'est Kirk Baxter qui assure le montage de ses films (et des deux premiers épisodes de House of Cards) avec Angus Wall (déjà sur Panic Room). Les deux artistes (à ce niveau le montage est un art) ont reçu deux Oscars pour The Social Network et Millenium. Baxter est favori pour sa propre succession cette fois-ci en solo. L'image ne peut mieux servir l'histoire, cadrée de près ou de loin, contemplative ou explosive. Et bien sûr, à nouveau, le score a été écrit par Trent Reznor et Atticus Ross. On ne peut raconter le premier puissant tournant du film mais le crescendo musical traduit au mieux l'intensité du moment. Cette intensité qui ne s'épuise jamais. Captivant du début à la fin.


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