Terror and Wonder - British Library - London

La British Library se situe à cent mètres de St Pancras. Ce lieu offre un cadre beau et authentique ainsi que des volumes et des volumes de sources  à consulter pour les étudiants londoniens. La célèbre Magna Carta y est consultable. L'ambiance est très sérieuse dans les différents étages et reader's rooms. Au rez-de-chaussée, un espace est réservé à des collections permanentes et à des expositions temporaires dont l'entrée se fait "through the gift shop" comme dirait l'autre. Terror and Wonder retrace l'histoire de la littérature gothique depuis le XVIIIe siècle. The Castle of Otranto d'Horace Walpole est considéré comme le premier roman gothique dont l'inspiration lui est venu dans son manoir de Twickenham. Walpole est aussi connu pour avoir rejeté Thomas Chatterton qui se suicida peu de temps après face à tant d'incompréhension. Si ce personnage a tout d'un héros de roman et inspire encore aujourd'hui la création artistique, le gothique rode surtout dans les châteaux, les monastères, les vieilles ruines. Les fantômes sont partout. Même Shakespeare dans MacBeth nous parle du fantôme de son père. On y croise également quelques sorcières. Vathek de William Beckford publié en 1786 et illustré par Helnwein est encore un classique du genre tout comme Night Thoughts du poète Edward Young illustré en son temps par William Blake. 


Certaines pièces de cette exposition touchent notre âme d'historien comme ce reliquaire dédié à Thomas Becket. On nous rappelle également que la Révolution Française a eu une influence non négligeable sur la littérature gothique après 1793. Les dessins de Gilray sont connus. The Monk de Matthew Lewis un peu moins en France. On découvre également des pages de manuscrit du Frankenstein de Mary Shelley (1818) ainsi que The Vampyre de Polidori (médecin de Lord Byron). A l'ère victorienne, le gothique change de cadre. Ce sont les quartiers sombres des villes industrielles qui deviennent l'épicentre du genre. Bien sûr, Dickens est incontournable avec Oliver Twist, A Christmas Carol. On retrouve aussi Sweeney Todd cher à Tim Burton. On a d'ailleurs l'impression d'être en plein milieu de tout ce qui a pu inspirer le cinéaste. Nous parlions de Dickens mais Wuthering Heights d'Emilie Bronte ou les ouvrages de sa sœur Charlotte (The Foundling). On pense aussi à Jane Eyre et "the mad woman in the attic". Tout serait gothique ? La liste est longue à la fin du XIXe : The Raven de Poe mais aussi Dr Jekyll and Mr Hyde, Dorian Gray. Pour ces deux exemples, la question de la double personnalité fascine la littérature. Les romanciers jouent avec nos peurs qui surgissent aussi des lectures de la presse. Nous pouvons consulter deux pages très grand format d'un numéro d'Illustred Police News, Law Courts and Weekly Record datant du 2 septembre 1888 c'est à dire quand The Ripper terrorise le quartier de Whitechapel à Londres. Que ce soit dans ce journal ou dans Punch, les dessins sont vraiment très précis. Et puis, n'oublions pas Dracula. Une salle lui est consacré rappelant le contexte de création, cette inquiétude des dangers de l'immigration et du risque de périclitation de l'Empire par des causes internes. Autre temps, autres mœurs..? On s'apitoie sur le sort de Lucy Westenra. Un kit complet anti-vampire d'époque semble captiver une collégienne qui "s'en servirait bien contre ses profs". La période plus récente est abordée de façon moins captivante. On s'attarde quelques instants devant le Monster Field de Paul Nash rappelant furieusement les récents travaux de l'artiste belge Berlinde de Bruyckere vus à Venise et à la Maison Rouge. 


L'exposition nous transporte jusqu'à la littérature jeunesse gothique et aussi vers cette mode des zombies ("partially deceased syndrom"). Dans la dernière salle, sont exposées des photographies de Martin Parr du Withby Goth Weekend qui a lieu dans cette ville depuis 1994. Cette bourgade du North Yorkshire fut citée dans le Dracula de Bram Stoker et ravive chaque année la flamme du gothique mis en musique par Bauhaus ou Sisters of Mercy. On retrouve la lumière du jour en ayant une bonne bibliographie sous le coude mais sans avoir croisé un seul "gothique". Il faudrait peut-être ouvrir cette exposition en nocturne ?


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