Peter Gabriel - Zénith de Nantes - 15/11/2014

Peter Gabriel rejoint très vite la scène du Zénith de Nantes comble ce soir de novembre. Il vient, en français, nous présenter ses deux choristes qui assurent en duo la première partie de ce Back to Front. Tout de suite, on se sent chez lui. Après cette courte et agréable mise en bouche, Peter Gabriel revient pour nous présenter "le menu". Tout d'abord, l'entrée sera "acoustique ou semi acoustique". Toujours dans la langue de Manu Katché, il nous avoue que cette interprétation est proche de la façon de mettre en place leur musique en répétition. Pour lui, le processus est parfois plus important que le résultat et nous promet pleins d'imperfections. Il ne nous aura menti qu'une seule fois ce soir là. Il nous promet un plat électrique et électronique puis un "désert" de choix : tous les titres de l'album So joués par les musiciens qui ont enregistré ce succès. Publié en 1986, cet album demeure la plus grande réussite commerciale de Peter Gabriel : 5 millions d'exemplaires vendus aux États-Unis et disque d'or en France. 


Peter Gabriel n'a jamais vécu dans le passé et l'artiste commence son set avec un nouveau titre. Il ne le considère pas tout à fait terminé même si cette création tourne depuis longtemps dans cette riche tournée. Très vite, nous retrouvons des mélodies plus familières et bien groovy grâce à David "E Street" Sancious : Come Talk to Me et Shock the Monkey. Les lumières du Zénith ne sont pas éteintes. Nous sommes tous invités à sa table. Les arrangements sont épurés et le son est excellent. Cela se confirme quand les lumières s'éteignent pour le "number two" du concert. Comment ne pas craquer à l'écoute de Digging in the Dirt et ses puissants refrains ("this time you've gone too far!") où la guitare de David Rhodes s'affirme dans le mix. Issu du même album (Us), Secret World est aussi magnifique d'interprétation.



On entre alors dans la phase plus prog' de ce concert avec deux morceaux très subtils et revenus en grâce dans les setlists ces dernières années : The Family And The Fishing Net et Self Control. Vocalement, Peter Gabriel témoigne d'une grande maîtrise et d'une technique sûre sur ses notes aiguës. Soutenu par l'impressionnant Tony Levin, Manu Katché brille de mille feux sur ces titres. Le maestro est tellement plus à sa place assis derrière son kit de batterie plutôt que sur un plateau de télévision. Les joyeuses notes de Solsbury Hill éclairent les spectateurs de mille sourires. Ce tube de son premier album solo fait effet de réveil musculaire. Soufflant le chaud et le froid, c'est un nouveau titre qui enchaîne, Why Don't You Show Yourself , orienté piano, violoncelle et chœurs féminins. Il est désormais l'heure du "désert". Red Rain, premier titre de So nous inonde de bonheur musical et visuel. Sur cette composition à l'interprétation parfaite (Katché!), de superbes lumières rouges gagnent l'écran. Les musiciens apparaissent en images de synthèse tel un joli tableau d'art contemporain. Pour cet album mythique, Peter Gabriel met les petits plats dans les grands. Certes, il nous a toujours habitué à une mise en scène bien plus spectaculaire mais ne boudons pas notre plaisir devant des effets de scène remarquablement bien pensés. Sledgehammer déboule avec son bon riff entêtant. Jennie Abrahamson n'est pas Kate Bush mais assure très bien son rôle sur Don't Give Up (quelle ligne de basse de Tony Levin!). L'interprétation d'un album entier passe aussi par des morceaux plus secondaires comme That Voice Again, This is the Picture ou Big Time assez répétitif et marqué 80's On se souvient donc surtout de cette sublime version de Mercy Street avec Peter chantant allongé au sol et filmé au dessus de lui, une spirale ondulant autour de son corps. We Do What We're Told va aussi au bout de la mise en scène orwellienne. Des personnages masqués déplacent depuis le début du spectacle des structures de lights et de caméras autour des musiciens procurant des effets vidéo intéressants et une chorégraphie inquiétante. Ces "robots" se posent sur ce titre tous en devant de scène dressant ainsi un bouclier face au public. A l'opposé, In Your Eyes va clore le chapitre So de la plus belle des façons. Le public dresse la paume et effeuille les doigts à la demande de l'archange. Bien sûr, le public en redemande et a droit à un "digestif". Le choix du titre de premier rappel sur cette tournée est surprenant. The Tower that Ate People avait été composé pour son Millenium Dome Show à Londres en 2000.


Le chant est couvert d'effets "indus" et cette fois-ci, on voit Peter Gabriel aspiré par une colonne de tissu qui sommeillait dans la rampe circulaire de lights dominant la scène. A nouveau, une caméra filmant du dessus nous le montre se débattant, coincé dans cette tour infernale. Effet saisissant. Peter reprend à nouveau un texte en français pour rendre hommage aux 43 étudiants mexicains qui ont disparu le 26 septembre à Iguala. Son message a la force de ceux qui luttent contre le crime et pour la liberté. Bien sûr, le morceau est spécialement dédié à Steven Biko. Ce fut une figure de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud. Il trouva la mort en 1977 lors de sa détention. En 1979, le morceau Biko fut composé par Peter Gabriel et est l'hymne définitif de ses concerts depuis. Les poings se lèvent encore et encore au fur et à mesure que les musiciens quittent la scène. Comme à l'accoutumée sur ce titre, Manu Katché reste le dernier à tenir le rythme.

Vidéos : Back to Front Live in London (dvd)
Photos : Tony Levin (www.papabear.com)

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