Pioneer

Non ce n'est pas un film pour les fans de tuning. S'il est bien question de caisson, ils sont hyperbares et vers de basses profondeurs ce long-métrage nous accompagne. Nous sommes en 1980 et deux frères norvégiens partagent avec des Américains une préparation les conditionnant pour une plongée au fond des océans. Au large de la Norvège, le pétrole est découvert mais le pays manque de technique pour l'acheminer et l'exploiter. Ils ont besoin du savoir-faire u.s. pour soutenir leur ambition de devenir "dans vingt ans l'un des pays les plus riches du monde". Cette prédiction s'est avérée exacte mais au dépend de la santé neurologique de ces pionniers de la plongée à 500 mètres. Cette question avait resurgi dans l'actualité dans les années 2000 quand certains avaient porté plainte face à l’État Norvégien. Après des années de lutte, la Cour Européenne des Droits de l'Homme a fini par leur donner raison. Dans ce nouveau film d'Erik Skjoldbjaerg, on est loin du glamour du Grand Bleu. La performance est pragmatique pour permettre la soudure à haut risque d'une pipeline. "Accidents happen" mais le "héros" de l'histoire ne croit pas vraiment à cette hypothèse. Petter n'admet pas que son moment de faiblesse ait causé un tel drame personnel. Il cherche la vérité quitte à se faire des ennemis. Sur un rythme qui ne se relâche jamais, le cinéaste nous transporte dans un thriller où l'on multiplie les champ-contrechamps quand l'image ne devient pas fiévreuse, hallucinatoire dans les yeux écarquillés de Petter. Le maître Fincher n'est pas loin. La cabine de recompression est une Panic Room. Le lieu d'entraînement a aussi des allures de vaisseau de science-fiction et même les scènes de tournage extérieur ont cette froideur du Nord qui maintient la tension. Vous connaissez sûrement Insomnia de Christopher Nolan. C'était un remake du premier film de Erik Skjoldbjaerg. Les droits de Pioneer ont eux été acheté par la société de George Clooney dans cette même optique.