Guillaume Perret & the Electric Epic - Salle Paul Fort - Nantes - 08/04/2015

En juillet 2013, nous avions découvert Guillaume Perret sur scène aux Sables d'Olonne (ici). Depuis, son second album, Open Me a plus que confirmé le talent et le rayonnement artistique que le saxophoniste a diffusé sur les scènes jazz, rock et metal. Ces trois styles sont affirmés avec force sur les affiches qui annoncent ce concert quasi complet de la salle située à deux pas du marché Talensac. A 21h pétante, un phare rouge scintille dans la nuit. Cette lumière répond à chaque respiration du saxophone mutant de Guillaume Perret. Bien calés dans nos sièges proches et centrés face à la scène, Opening nous accroche de ses mélodies familières. Le concert de 2013 s'était terminé sur un orage diluvien et ce premier titre fait le même effet que les premières gouttes qui rafraichissent une belle soirée d'été avant que le tonnerre gronde sur Shoe Box. S'il est permis de parler de "tube" ou de "hit" dans le #jazz #rock #metal #instrumental #expérimental, cette composition mérite clairement ce statut. Le son est puissant tout en ne gâchant aucune nuance que les tableaux sonores révèlent. Le line-up de Electric Epic a évolué. Le bassiste Philippe Bussonnet et le guitariste Jim Grandcamp ont quitté le groupe. Le guitariste Nenad Gajin et la bassiste Laurent David sont arrivés. Ces musiciens ont de prestigieuses références jazz (sidemen d'Ibrahim Maalouf par exemple), mais l'impression sonore et visuelle rajoute une bonne couche de metal dans les concerts de Guillaume Perret. L'interprétation de Mamuth est tellement impressionnante. Le son de basse nous renverrait à Cliff Burton ou Geezer Butler. Le solo de cet instrument prend sans problème l'espace laissé libre par le saxophone retranché dans une rythmique ciselé et percutante. Et quand Guillaume repart en lead, c'est une rythmique guitare-basse digne des meilleures performances progressives. Il suffit d'écouter M&T@L le groupe de Laurent David, pour comprendre que son intégration dans Electric Epic tombait sous le sens. Nous ne pouvons pas tout citer mais le jeu de guitare de Nenad sur Massacra envoie plus d'un guitar-hero à ses gammes. Yoann Serra est toujours fidèle au poste derrière ses fûts. La frappe est parfaitement dosée, la dynamique très visuelle et le cerveau en alerte pour optimiser la palette musicale avec des sonorités électroniques. On aurait d'ailleurs bien assisté à ce concert debout pour danser à l'unisson. Pourtant, la musique réussit à nous faire léviter. Tout à coup, le public suit quatre partitions différentes jusque dans les étoiles avant qu'un subtil lever de saxophone signale le retour au thème puissant comme jamais. La musique nous fait voyager du noyau vers les cimes. Le titre Doors prend toute son ampleur en live. Guillaume Perret se met à nu sur cette composition pour laquelle il tient un micro dans une main et au dessus de lui seuls le bec et la hanche près des lèvres. Dans un bain de lumière verte, cette simple mélodie donne des frissons. A ce stade de l'article, nous n'avons toujours pas rappelé que Guillaume Perret est un instrumentiste extra-terrestre qui réinvente le son du saxophone avec de multiples effets. Mais plutôt que de pointer cette singularité, il faut se passionner pour la cohérence d'un tout. L'esprit créatif de l'artiste a enfanté d'un torrent musical, du claquement d'une bague à la furie d'un souffle.

Photo: Jocelyn Prouff
Texte: Cyrille Blanchard

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