Tel Aviv Museum of Art visits Berlin - Martin Gropius Bau - Berlin

Pour célébrer les 50 ans de relations diplomatiques entre l'Allemagne et Israël, 70 œuvres font pour la première fois le voyage de Tel Aviv à Berlin. Situé juste à côté de Topographie des Terrors et non loin de Check Point Charlie, le musée Martin Gropius Bau abrite des expositions d'art moderne et contemporain. Comme pour l'actuelle "Clefs de la Passion" à la Fondation Louis Vuitton, des chefs d’œuvres de l'histoire de l'art sont rassemblés. L'intérêt de l'événement est aussi de les confronter, au fil d'un parcours thématique, à des réalisations d'artistes israéliens contemporains. D'abord, elles nous font aimer (enfin) l'art video et font toutes écho à la situation géopolitique de l’État juif d’Israël.La problématique de chaque salle nous ayant pas vraiment sauté aux yeux, revenons d'abord sur quelques grands classiques de l'art moderne puis nous découvrirons la réflexion contemporaine souvent polémique. C'est un tableau de Rothko assez classique qui nous accueille mais, plus intéressant, celui qui nous fait face quelques salles plus loin se rapprocherait presque de Miro. Ne pas voir rouge est devenu surprenant (ici). Mais s'il ne fallait en retenir qu'une ? Ce serait Madonna de Munch. Cette lithographie fut créée en 1895 mais ce trait rend jaloux tout sérigraphiste qui fait le bonheur aujourd'hui des concerts de fuzz. 


Près d'elle, Lady Lilith du préraphaélite Rosseti séduit. Cette tentatrice du Talmud fut dessinée en 1866 à la craie sur du papier. Elle nous touche davantage que le Buste de femme de Picasso ou la Femme de Venise de Giacometti. On apprécie aussi beaucoup The Bewildered Planet de Max Ernst côtoyant un Pollock.



On retrouve également des esquisses du chef d’œuvre de Felix Nussbaum Death Triumphant (ici). Il termina ce tableau le 18 avril 1944 avant d'être arrêté le 20 juin et déporté à Auschwitz où il est décédé le 2 août. Dans ce tableau, il exprimait l'imminence de sa mort et aussi l'effondrement d'une civilisation avec ses vestiges foulés par la faucheuse. En 2015, on ne peut s'empêcher de penser à Palmyre. L'artiste israélienne Michal Helfman a réalisé une installation autour de cette œuvre appelée While Dictators Rage. Elle est placée au centre de la pièce avec une matérialisation des  espèces de cerf-volants aperçus à l'arrière plan du tableau original.


Le film le plus marquant est une trilogie : Europe Will Be Stunned. Le premier film de Yael Bartana fut présenté à Pompidou en 2008 et est un discours de Sławomir Sierakowski, sociologue et activiste d'extrême gauche polonais. Celui-ci est filmé dans le stade, vide, de Varsovie devant une poignée d'enfants qui semblent embrigadés. Il appelle les Juifs d’Israël à revenir vivre en Pologne (ici). L'imagerie rappelle le IIIe Reich. Dans la salle, à côté du grand écran, il y a trois affiches (en trois langues) du Jewish Renaissance Movement in Poland Manifesto. Le symbole (porté par les personnages du film sur des brassards) assemble l'aigle de la Pologne à l'étoile de David. Le second film montre l'installation d'une première communauté dans le centre de Varsovie, près de l'emplacement du ghetto (ici). Un kibbutz se construit comme à l'époque des pionniers de l’État Juif d’Israël. On fait référence au sionisme. Un drapeau se dresse et des barbelés cernent les palissades. A nouveau, l'imagerie erre de l'entre soi volontaire à l'enfermement forcé. Le troisième film (Assassination) fut réalisé en 2011 pour la 54e Biennale de Venise et le pavillon polonais. Sławomir Sierakowski a été tué et un convoi funéraire accompagne le leader de la cause, comme Yitzhak Rabin en 1995. Il est célébré en héros. Le message est très fort au fil d'une heure de film. 


Tzion Abraham Hazan filme le quartier général des forces israéliennes de défense sous toutes ses coutures (ici). Nir Evron s'est intéressé à l'hôtel Seven Arches qui surplombe Jérusalem du Mont des Oliviers. L'Organisation de Libération de la Palestine y avait tenu sa toute première réunion en 1964. Aujourd'hui sous l'autorité d’Israël, il n'est pas fermé mais serait, d'après l'artiste, vide une grande partie de l'année ? De façon surprenante, il n'est pas si mal classé sur Tripadvisor. malgré quelques commentaires douloureux (ici). Enfin, terminons sur le travail de Tamir Zadok qui a imaginé qu'un canal soit creusé entre la Méditerranée et Israël transformant Gaza en île touristique. La vidéo de promotion du Gaza Canal Visitor Center est visible ici. Le témoignage des deux touristes anglaises ravies de leur séjour au Gaza Canal Jazz Festival est assez incroyable quand on connaît le contexte. Autour de cette oeuvre vidéo, du merchandising (tasse, t-shirt) est en rayon. 

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