Hellfest 2015
Au fil des dix dernières années, le Hellfest est devenu un festival reconnu en France et à l'international. Il est donc difficile de se contenter d'une seule journée en enfer, ne serait-ce que par curiosité. Désormais, les festivaliers ont quasiment tous leurs bracelets trois jours au poignet. Les pass se sont écoulés très rapidement, trop diront certains. Mais, ce week-end de juin 2015, l'amertume disparaît à la vue des investissements financés sur le site. La poussière vous avait laissé un goût âpre dans la bouche ? Des hectares de pelouse ont été semés. Vous n'aviez pu profiter d'un concert sous tente en raison de l'affluence ? Trois nouveaux hangars, dotés d'écrans, offrent visibilité, son et confort. Les jetons étaient semés dans la foule avant même d'arriver à la buvette ? La carte Cashless permet un accès rapide au bar et au snack. Le Hellfest est devenu Disneyland ? Certes, les nouveaux décors des Main Stages et de la cathédrale d'entrée ne plaisent pas à tout le monde mais le Hell City Square et la grande roue se fondent désormais totalement dans le paysage à côté de la rampe de skate, les sculptures ou autres structures enflammées. Une voie plus dégagée vers la Warzone et tout serait parfait. Au delà de ces considérations matérielles, ce sont des artistes qu'on ne quitte pas des yeux et des oreilles. Au sein des 160 groupes du festival, il y a donc près de 700 artistes qui sur scène transmettent leur passion, ambiancent la foule grâce à leur talent de composition, d'interprétation et un charisme indéniable. Dans un seul article, cette année, nous allons revenir sur certains d'entre eux. Subjectivement et passionnément comme ne cessent de faire les 150 000 festivaliers qui, revenus au bercail, ont du mal à décrocher.
A la nuit tombée, face à un océan de t-shirts noirs, ils sont vêtus de blanc et si la poussière ne se soulève pas du circle pit c'est qu'elle vient des anges. Il faut bien l'intervention d'un force supérieure pour qu'un groupe comme FAITH NO MORE atteigne la grâce à ce point. Nous n'allons pas revenir en détail sur la setlist, proche de celle de Berlin (ici), à deux exceptions près, Cuckoo for Caca à la puissance inégalée et le nouveau Cone of Shame. Et puis, de toute façon, tout le monde peut revoir le set en replay sur Arte Concert. Le répertoire est varié, les paroles peuvent être chantées à tue tête, la cohésion du groupe est évidente et l'humour, le vrai, toujours au rendez vous. Même avec les mêmes morceaux, un concert de Faith No More ne ressemble pas trait pour trait à un autre concert de Faith No More. Il y a toujours un brin de folie qui immortalise le moment, à l'initiative de Roddy Bottum. Son "heavy merdal" va entrer dans les annales. En plus d'être un chanteur absolument exceptionnel, Mike Patton sait aussi rendre l'instant unique, avec quelques bons mots, des grimaces et un t-shirt orange trop large d'un mec de la sécurité. Le feu d'artifice des 10 ans qui a illuminé le ciel de Clisson juste après, fut vraiment superbe mais c'est le concert de Faith No More qui restera le plus éclatant.
En revenant du Hellfest, il nous arrive toujours de croiser quelqu'un qui va nous aboyer dessus deux secondes durant comme pour résumer trois jours de heavy. Un sourire de façade n'enlève pas l'idée qu'un stage commando chez Randy Blythe lui ferait le plus grand bien. Walk with me in Hell ! Le frontman de LAMB OF GOD a encore réalisé une performance inhumaine sur la Main Stage le vendredi après midi pendant que Nick Holmes s'essayait avec Bloodbath. Le chanteur est toujours aussi possédé, parcourant la scène de long en large au rythme de ses camarades (dont le nouveau batteur de Megadeth) et invectivant la foule. Puis, l'aboyeur amateur ferait bien de poursuivre sa formation auprès de la nouvelle chanteuse d'ARCH ENEMY. Pendant que Korn assumait la fausse bonne idée du premier album en entier, Alissa White-Cluz délivrait une performance dantesque grâce à une technique vocale bluffante et une belle connexion avec le public. La belle est québecoise et ses interventions en français, avec l'accent, ont vraiment séduit. Sans être très au fait du répertoire, on ne peut que s'incliner également devant la force de frappe du duo de guitaristes Amott/Loomis. La date du Cargo de Caen le dimanche 22 novembre est cochée. Enfin, le stage se terminerait évidemment à Göteborg. Le dimanche, Clisson était à la mode de cette ville suédoise et ses groupes : IN FLAMES, DARK TRANQUILITY, AT THE GATES, THE HAUNTED voire THE CROWN. Les premiers ont sûrement bénéficié du meilleur son du festival et il leur devient difficile de concocter une setlist d'une heure tant les classiques s'enchaînent. Le flamboyant Mikael Stanne assure lui avec Dark Tranquility la prestation vocale la plus précise, celle d'un pur chanteur de death.
Même si la formation existe depuis 1982, ARMORED SAINT n'a que très peu joué en France. On se souvient avec émotion de tous nos concerts d'Anthrax avec le chanteur des mecs en armures et on avait donc vraiment hâte de revoir John Bush sur scène. La voix est intacte et dans son style caractéristique il ne s'économise pas. Sur les classiques et les (très bons) nouveaux morceaux, on vote Bush ! En mai 1997, les Américains de SNOT publiaient leur premier album et lançaient une carrière à succès. Celle-ci fut stoppée net en décembre 1998 à la mort de Lynn Strait, chanteur et leader, dans un accident de la route. Le groupe a mis dix ans avant de se reformer. Sous le soleil de la Warzone, le vocaliste Carl Bensley a vraiment tout donné pour être à la hauteur de l'héritage, du répertoire. L'énergie se diffuse de la scène vers un public bondissant aux riffs de Mikey Doling et Mike Smith, remplaçant de Sonny Mayo, et impeccable aux backing vocals. Avant même le premier album de Snot, Sonny avait joué dans M.F. Pittbulls avec, à la batterie, un certain Shannon Larkin. Connu avec Ugly Kid Joe, le musicien rencontre depuis 2002 un vrai succès derrière les fûts de Godsmack. Et on ne risque pas de le rater tellement son jeu est spectaculaire. Il mettrait Tommy Lee à l'amende dans un concours de G.R.S. GODSMACK n'avait pas joué en France depuis la première partie de Metallica à Bercy en 2003 alors que le groupe remplit des arenas aux Etats-Unis. Le charisme de Sully Erna, le riffs béton et les refrains scandés ont du lui faire gagner quelques fans sur le Vieux Continent. On aurait pu parler aussi d'High on Fire, Shining, The Answer, Airbourne, Red Fang, Slipknot mais terminons par les très attendus MASTODON. Paradoxalement, le concert aurait été plus culte sous l'ancienne tente de la Valley. L'affluence aurait sûrement apporté davantage d'urgence à la prestation comme Clutch l'an passé et comme de nombreux concerts du groupe auxquels nous avons assisté. Pourtant, ce rendez vous était immanquable. Depuis 2003, nous voyons Mastodon au moins une fois par tournée d'album. Ce show a aussi confirmé que Once More Round The Sun (publié l'an passé) est un superbe disque qui représentait la moitié de la setlist : Tread Lightly, The Motherload, High Road, Once More The Sun, Chimes at Midnight, Halloween, Ember City. Si l'on ajoute des classiques comme Crystal Skull ou Black Tongue, on aboutit à une nouvelle démonstration de puissance avec Brann Dailor et Troy Sanders au top de l'interprétation.
Photos : www.hellfest.fr
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