Martial Raysse - Palazzo Grassi - Venezia

Le regard de La radieuse des nuages plonge de jour comme de nuit sur le Grand Canal. Depuis le 12 avril et jusqu'au 30 novembre prochain, le palais de François Pinault accueille les œuvres de Martial Raysse, "l'artiste français vivant le plus cher au monde". 


Une de ses œuvres fut adjugée il y a peu à 4.8 millions d'euros. On en parla beaucoup quand le Centre Pompidou lui consacra (aussi) une rétrospective l'an passée. Personnellement, c'est au Stedelijk d'Amsterdam que nous avions déjà goûté aux lèvres électriques des femmes de Martial Raysse (ici). 


Après Catherine Grenier à Beaubourg, c'est cette fois-ci Caroline Bourgeois, pilier de la Fondation Pinault, qui occupe la fonction de commissaire d'exposition. Elle a choisi de ne pas suivre un ordre chronologique mais de confronter : "le travail le plus récent modifie la façon de regarder le plus ancien, et apporte une plus grande profondeur en relançant la question de la place de la peinture, comme de celle de l'artiste." Quitte à se passer d'explications qu'elle peut juger superflues. Les cartels additionnent les titres des tableaux de la même pièce sans précision supplémentaire alors que les noms de ceux-ci ne sont pas si explicites. Elle juge peut-être aussi que des panneaux pourraient jurer avec la beauté de l'édifice. Comme pour l'expo Rudolf Stingel il y a deux ans (ici), c'est le palais en soi qui est la vedette. Les œuvres nous regardent d'un étage à l'autre, se répondent de part et d'autre de l'édifice. 

Au rez de chaussée, le visiteur s'attarde sur les sculptures miniatures (ce qui a du contribuer au fait que 250 des 350 œuvres de cette exposition n'étaient pas exposées à Paris l'an dernier) aux noms plus farfelus les unes que les autres. Nous retrouvons certaines d'entre elles au deuxième étage grandeur nature. Dans le hall d'entrée, les lights de America America rayonnent jusqu'au Grand Canal qui coule dans son dos. Martial Raysse avait introduit le néon dans son travail en 1962 et c'est ce patrimoine lumineux qui nous marque et nous le fait comparer à d'autres artistes comme le Turc Sarkis qui l'utilise beaucoup (nous y reviendrons dans l'article à propos des pavillons de la Biennale). 




Martial Raysse nous intéresse également pour l'imagerie féminine qu'il développe. Au coeur des Trente Glorieuses, il a réalisé des installations avec des produits ménagers qui nous interpellent guère au fil de cette exposition. Ce portrait ci dessous imprimé sur le torchon n'aurait pas vraiment d'intérêt s'il n'était pas entouré de représentations glamour et quelque part forcément amoureux. 


 


Les femmes sont également présentes, légères, sur sa version d'une plage de 1962 (Raysse Beach). On retrouve tout le burlesque d'une scène de bord de mer également sur son Ici Plage, comme Ici-Bas (2012). Martial Raysse traverse donc bien les époques. Moderne dans les années 1960 et vintage aujourd'hui, toujours pop, son style ne se démode donc jamais. 


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