Midnight Special

Jeff Nichols restait sur deux chef d’œuvres à l'écriture et à la réalisation : Take Shelter et Mud. Nous nous précipitons donc les yeux fermés vers une séance de Midnight Special. Pour en sortir un peu désarmé. Quelle drôle d'idée d'avoir voulu transposer ses problématiques survivalistes dans le monde de la science-fiction. Surtout quand celle-ci n'est pas du tout subtile. Nombre de films ont déjà usé du personnage de l'enfant, élu, qui peine à contrôler les super pouvoirs dont il a hérités. Récemment, on préférait le petit Victor des Revenants qui au moins n'avait pas les yeux qui s'allument. Jacob Tremblay, dans Room, est aussi dans une autre catégorie d'acteur sans avoir le pouvoir de capter la radio par télépathie. On peut néanmoins se rattacher à un casting de qualité. Michael Shannon, l'acteur fétiche de Nichols, retrouve son rôle de père protecteur envers et contre tout. Kirsten Dunst confirme sa prestation de la série Fargo en femme désemparée mais au cerveau reptilien. Adam Driver jeune icône du cinéma indépendant "starwarisé" est lui plutôt sous exploité. Son personnage aurait pu gagner en épaisseur au contact du petit Alton. Au contraire, il s'efface devant un déluge ultra kitsch et suranné d'effets spéciaux et de dimensions parallèles. Comment Jeff Nichols peut-il imaginer un autre monde avec de telles architectures dignes d'un écoquartier de monarchie pétrolière qui veut se donner bonne conscience ? Par respect pour les travaux récents de ce réalisateur, on reste jusqu'au bout en espérant une bonne surprise et en appréciant quelques prouesses visuelles, le crash d'un satellite ou une cascade de voiture. Au final, ce n'est pas du tout ce que l'on espérait. On attend désormais avec impatience Loving actuellement en post production avec le binôme de Midnight Special Michael Shannon et Joel Edgerton mais cette fois-ci sans troisième type.