Michel Polnareff - Parc Expo - Tours - 08/06/2016

Vendredi 2 mars 2007, un très gentil geste m'avait permis d'être dans les gradins de Bercy pour le premier concert du grand retour de MICHEL POLNAREFF sur scène. Consciemment ou inconsciemment, on connaît tous les tubes de l'artiste. Ils avaient été ravivés en 1996 par un superbe Live at the Roxy et cette fameuse émission de Michel Denisot (ici) sur Canal plus (Canal historique) enregistrée dans le désert de Mojave. En 2007, Michel avait 62 ans. On entendait ces remarques sur sa capacité à assurer vu son "grand âge". Ces critiques viennent souvent des mêmes personnes qui s'interrogent sur la capacité d'un musicien à assurer passé 40 ans. Ceux qui aimeraient bien qu'AC/DC arrête de se produire alors qu'Angus pète le feu. Pourquoi forcerait-on des musiciens à prendre leur retraite tant que le qualité est au rendez-vous, qu'ils nous divertissent et qu'ils prennent du plaisir ? En juin 2016, Michel Polnareff  a donc 71 ans. 

Il n'a toujours pas publié de nouvel album. Son single L'homme en rouge n'a pas passionné les foules mais quand il annonce une tournée, il ne fait pas semblant. Il est en tête d'affiche de grands festivals français et choisit des salles d'envergure pour y installer son barnum. Le concert n'a pas fait autant recette qu'espéré. Une tribune n'a pas été installée et des spectateurs sont replacés. D'ailleurs, la sécurité n'empêcha pas les spectateurs des gradins de rejoindre le devant de la scène, se tenant debout à côté d'une audience qui a du payer son billet deux fois plus cher. Le Parc Expo est un grand hangar totalement impersonnel. Et pourtant, par la magie du spectacle vivant, le public va oublier ces tubes et ces tôles. Car Polnareff en 2016, ça joue à mort. Et les tubes sont en diamant.


Polnareff est le nom d'un artiste qui a su fidéliser autour de lui un collectif virtuose. Tony Mc Alpine était déjà à la guitare en 2007. Le guitar-hero a connu de graves soucis de santé en 2015 et c'est un grand plaisir de le voir rayonner à ce point sur scène (allez un seul exemple parmi tant d'autres, La Mouche). Son alter ego Pete Thorn (Jewel, Chris Cornell, Melissa Etheridge) rivalise d'aisance sur les classiques de Michel Polnareff ainsi que sur la traditionnelle battle instrumentale. Curt Bisquera a été le batteur des plus grands mais a un jeu moins explosif que Virgil Donati. Le percussionniste classique Nicolas Montazaud enrichit l'ensemble. Avec douze musiciens sur scène, il faut une exigence folle. Avoir un son aussi remarquable et faire vibrer une telle richesse d'arrangements dans un immense hangar relève de l'exploit (L'homme en rouge est sublimé). Bravo particulièrement à Brad Cole, chef d'orchestre déjà présent en 2007. Et merci pour l'hommage à Prince sur Purple Rain.


Michel Polnareff assure toujours très bien et se connaît. Le refrain de Lettre à France est parfaitement assuré par les choristes. Il prend parfois un ton un peu plus grave mais sait être au rendez vous quand on l'attend (Sous quelle étoile suis-je né?, Je t'aime ou encore Holidays). Il plaisante souvent, multiplie les bons mots. "Une chanson de mon nouvel album" avant La Poupée qui Fait Non. Il reprend quelques trucs de 2007 (le mesureur d'ambiance) et globalement la même architecture de spectacle. Par contre, on constate que les visuels ont été encore plus travaillés. Qui a tué Grand'Maman est à pleurer. Personne ne peut le nier et cet arbre qui s'effeuille sur l'écran "3D", placé à de nombreuses reprises devant les musiciens, est magnifique. Sur ce titre, Le Bal des Lazes ou encore L'homme qui pleurait des larmes de verre, on atteint des sommets d'émotion, dans la maîtrise. Durant le concert, il y a le temps où il est debout, bien calé sur ses jambes, tapant souvent le rythme sur ses cuisses. Et il y a celui où il est assis au piano. Et là c'est une autre dimension. Tout tout pour ma chérie est festif mais ce n'est pas Goodbye Marylou. Alors on me dira "T'es allé voir Polnareff ???!!". Et de répondre : "oui et c'était énorme". Et une semaine avant le Hellfest !


Texte et photos : Cyrille Blanchard

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