Robert Plant - Beauregard - Hérouville-Saint-Clair- 02/07/2016

ROBERT PLANT et ses SENSATIONAL SPACE SHIFTERS n’atterrissent que sur des lieux de choix. Ils seront d'ailleurs la tête d'affiche du Festival of Disruption de David Lynch qui se tiendra à L.A. en octobre prochain. Le Festival Beauregard en est un également, accueillant Beck la veille, PJ Harvey le lendemain. Ils partagent ce premier samedi de juillet avec Get Well Soon, The Horrors, Naive New Beaters, Brigitte, La Femme, Lilly Wood & the Prick, The Avener, The Kills et Fakear. Nous reviendrons en conclusion de cet article sur cette affiche qui affole la jeune génération. Quand le soleil commence à décliner dans le ciel normand, la légende entre en scène. Après un premier titre plus brut de Led Zep (The Lemon Song), la magie opère rapidement sur Rainbow, single de son dernier album. Chaque musicien s'arme de tambourin.  Juldeh Camara les rejoint rapidement avec son riti. Le son est absolument parfait. Nul besoin de protections auditives. Robert Plant n'est pas dans la course au gros son. Il n'a plus rien à prouver depuis longtemps. Il se contente de sourire, de chanter comme toujours (comme jamais). 


Il s'amuse avec ces musiciens qui le suivent depuis un petit moment et revisitent un répertoire plus ancien. Black Dog arrivent vite dans le set et la foule suit. On reste dans l'électrique avec Turn It Up issu également de Lullaby and the Ceaseless Roar. Little Maggie, plus tard, confirme aussi que ce disque est une grande réussite. Les deux guitaristes Justin Adams et Skin Tyson sont à la hauteur du talent du fondateur. Liam "Skin" Tyson joue avec Robert Plant depuis 2002, déjà donc dans les Strange Sensation (et ce formidable concert auquel nous avions assisté à la Maison de la Radio en 2005). On pourrait citer tous les titres joués à Beauregard mais cette version de Babe I'm Gonna Leave You... On entend chaque corde caressée de la guitare de Skin Tyson. Il joue avec ce plaisir. On se croit tout à coup dans un film de Jarmusch quand les accords migrent vers l'Afrique du Nord. Le mix qu'à créé Robert Plant avec son héritage et les musiques du monde donne, comme Peter Gabriel, une idée d'éternité, une dimension intemporelle et festive à son œuvre. Le riff de Whole Lotta Love n'est pas celui de la pub Dior. Il participe à entretenir chaque soir sur scène et à Beauregard un patrimoine qui n'est pas figé. Le riti est en folie et le public danse et tape des mains. Le violon peul et la foule sourit. Robert Plant n'oublie pas le monde dans lequel il vit (mentions à Trump, au Brexit et, plus heureux, plusieurs "Allez les Bleus") mais son concert est une bulle de bien être. Le groupe revient en rappel sur Rock n' Roll à l'intro électro et le riff rajeuni. Désolé de te contredire mais Beauregard ne fut pas du tout un "lonely, lonely, lonely, lonely, lonely... time".


Sinon, il y a donc eu plusieurs groupes plutôt grand public dans cette second journée de Beauregard 2016. En quelques mots. Les notes graves de Get Well Soon passent moyennent avec le soleil pleine face mais on salue le crescendo final. Les musiciens de The Horrors ont du avoir bien chaud avec leur habit tout noir. Le son était gavé d'effets, la communication entre les musiciens et entre eux et le public est inexistante mais on peut admettre des qualités aux titres de Primary Colours (publié en 2009). Naive New Beaters n'est pas si loin d'un Sebastien Patoche.. Je pensais que Brigitte était un duo mais la voix de la dame de gauche (Aurélie Saada) s'entend bien plus fort. A l'écoute de Coeur de Chewing Gum (très... Sheila..) et l'impudique Je veux un enfant (précédé d'un speech très premier degré sur la stérilité féminine), je comprends pourquoi cette musique n'avait pas croisé ma vie et ce n'est pas plus mal. De La Femme on connaît tous Sur La Planche. Même si c'est plutôt la fête dans les premiers rangs, Clémence Quélennec reste bien concentrée et son interprétation est intéressante (Si Un Jour) mais ses camarades...... On peut penser que trois synthés, une basse, une batterie, une guitare, ça fait quand même beaucoup pour ce que l'on entend. Mais un des musiciens a la bonne idée de faire le chanteur et c'est quand même pas très juste.. Le guitariste a aussi envie de faire son chanteur mais il a en plus la lumineuse initiative de faire tourner une bouteille de whisky (cheap) dans un public plutôt mineur.. Lilly Wood & the Prick assure beaucoup plus dans un style electro-pop. On a du mal à croire que c'était le même groupe qui jouait gratos au Mans, place des Jacobins, en 2011 pour le Forum Jeunes. Maintenant, les ados crient leur amour en masse et Lilly aime bien les tutoyer. "Moi aussi je t'aime". "Beauregard tu danses". Une complicité belle comme du Jean Luc Lahaye. The Avener est un malin. Le DJ niçois a réuni plein de singles qu'il aimait bien. Il a remixé le tout puis a sorti son album. Les morceaux de Kadebostany (à Bebop l'an passé), An Brun, Phoebe Killdeer et tous les autres sont devenus des tubes. Au milieu d'une installation de lumières qui rappelle la pyramide de Daft Punk, Coachella 2006, The Avener assure le spectacle. Le public est à fond. On se demande un peu pourquoi il appuie sur le bouton de Big Jet Plane et Around The World mais bon il a droit de nous partager la playlist de son ipod. Fakear, plus tard, fut certainement plus créatif mais moins de personnes dansèrent. The Kills m'avaient laissé de mauvais souvenirs live. En 2011, au Rock en Seine ou en 2012, en première partie de Metallica au Stade de France, leur formule en duo avait atteint ses limites. On les retrouve avec des musiciens en backing band. Alison Mosshart chante beaucoup mieux et son attitude est quand même sacrément rock n' roll. On aime ou pas le jeu de guitare de Jamie Hince mais il faut bien reconnaître qu'au fil des albums, The Kills s'est constitué une setlist variée et de plus en plus intéressante. Une affiche de choix à l'automne au Festival Bebop. 


Photos : Facebook Beauregard

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