Paterson

Après le sublime Only Lovers Left Alive, Jim Jarmusch nous offre un feel-good movie. Le réalisateur ne tourne pas de comédie romantique à succès mais Paterson est un film avec plein de bons sentiments. Il ne faut pas prendre cette formule négativement. L'amour de l'art est à nouveau au cœur de l’œuvre. Cette fois-ci, c'est la poésie qui passionne Paterson qui est né, a grandi et est désormais chauffeur de bus dans la ville qui porte son nom (ou le contraire). Il adore particulièrement le poète local William Carlo Williams. Dès qu'il a du temps, il écrit. A des moments très précis de sa journée. On suit ce rythme pendant une semaine, jour après jour. La routine n'a jamais été aussi bien filmée. Elle semble parfois ennuyer Paterson. Il regarde les minutes défiler sur sa montre. Il boit sa bière quotidienne dans le bar de Doc. Mais la routine est réconfortante également. Il n'a plus besoin de faire sonner le réveil le matin pour savoir qu'il est l'heure. Il embrasse ensuite sa très jolie compagne qui lui réserve toujours une surprise culinaire et artistique à son retour du dépôt de bus en fin de journée. Oubliez les Brad Pitt ou Ryan Gosling. Adam Driver (starisé grâce à la série Girls et l'épisode VII de Star Wars) est le nouveau beau gosse d'Hollywood. Avec l'actrice iranienne Golshifteh Farahani, il forme un très beau couple à l'écran, très attachant dans leur maladresse et leur passion. Ils manquent quelque peu de compétences sociales et pourtant tout le monde semble les adorer. Un film de deux heures dont l'intrigue repose en grande partie sur la malice de leur bouledogue ne peut pas tenir la route à ce point sans le magnétisme que dégagent Paterson et sa compagne. La mise en scène est simple, vaguement arty sur des effets de flou mais sans grande ambition. Jim Jarmusch se tient à un cadrage répétitif sur les lieux fréquentés quotidiennement : la maison (et sa boîte à lettres), la cascade.. La ville de Paterson a connu la désindustrialisation mais à part quelques plans larges quand le bus roule, on ne s'y attarde pas. Des discussions volées au cours d'un trajet ou des photos derrière le comptoir de Doc rappellent quelques grands moments de l'histoire de la ville mais plutôt dans une période ancienne. L'ambiance navigue dans une existence proche du temps de William Carlo Williams, cette première partie du XXe siècle. Notre chauffeur de bus poète est aussi entre deux âges. Il n'a pas de smart phone, préfère écrire ses poèmes sur un carnet et s'accorde avec Laura une sortie au cinéma pour voir un film d'épouvante de 1932. Ce n'est pas par hasard que leur maison s'habille en noir et en blanc. Le film part donc d'une idée : William Carlos Williams, depuis Paterson, écrivait de simples et beaux poèmes sur son quotidien. A partir d'elle, Jim Jarmusch a créé un magnifique film qui ralentit la vie pour en apprécier les beaux moments.


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