Le Mille e una Notte - Biennale Teatro - Arsenale - Venezia

La 45e Biennale de théâtre de Venise met les femmes à l'honneur. Tous les spectacles entre le 25 juillet et le 12 août sont leurs œuvres. Parmi elles, on retrouve la Française Nathalie Béasse, qui a commencé son parcours artistique à Angers dans les années 90. Elle s'y retrouve toujours aujourd'hui, au sein de la Cabine, pépinière artistique. Au cœur de cette riche programmation, intéressons nous à Maria Grazia Cipriani. La dramaturge italienne propose trois classiques qu'elle a revisités : Blanche-Neige (1983), Pinocchio (2006) et Les Milles et une nuits (2014). Ce dernier a deux représentations au Teatro Piccolo Arsenale. L'ambiance est très relax à ses portes cette très chaude soirée d'été. Les lieux de la Biennale de théâtre côtoient ceux de la Biennale d'art contemporain, détaillée en long et en large bientôt sur Band Meeting. Le sérail du sultan est assez minimaliste. La scène n'est pas très large, fermée à l'arrière par un ensemble de portes blanches. A l'avant, de chaque côté, une poupée à tête de mort peut tourner, accompagnée d'une musique enfantine mais inquiétante. Trois acteurs sont présents. On associe rapidement Shéhérazade à cette femmes cinquantenaire et le sultan à ce colossal italien. Il fait saillir ses muscles en interprétant Thésée. Et l'autre homme entre nu sur scène imitant avec force et folie le Minotaure. Et oui visiblement, le récit s'éloigne des légendes originelles. L'idée de raconter des histoires est bien respectée. Shéhérazade est bien d'une espèce fabulatrice mais transporte son discours dans la mythologie grecque. L'objectif est de choisir des légendes qui montrent la souffrance des femmes, Ariane, Daphné.. Elsa Bossi les joue avec une grande intensité. Elle n'hésite pas elle aussi à se dénuder, à se couvrir les yeux la tempe menacée d'un revolver. La mise en scène est très contemporaine. Giacomo Vezzani et Nicolò Belliti ont des poses burlesques mais le propos est violent. Il crée même le malaise quand, de façon bien anachronique, les deux acteurs surplombent la scène pour mener une vente aux enchères de robes tachées de sang ayant appartenu à des victimes de génocides. Au delà de cet humour noir, ils rappellent le nombre de femmes, de filles victimes des conflictualités contemporaines en Bosnie, Rwanda, Syrie ou encore à Nankin en 1937. D'ailleurs, on se souvient avoir parcouru du regard des feuilles et des feuilles de noms placardés sur les murs menant à nos sièges. En sortant, on réalise que ce sont les identités de ceux qui n'ont pas survécu à la crise migratoire. La contexte est toujours proche du Moyen-Orient mais on est quand même à quelques longueurs d'Aladin et d'Ali Baba. Maria Grazia Cipriani est une figure du théâtre engagé. 


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