The Square

The Square méritait-il la Palme d'Or du Festival de Cannes 2017 ? Le public le juge toujours à posteriori, en fonction de la date de sortie des films. 120 BPM a depuis raflé un grand succès critique et public. Faute d'Amour (ici) a satisfait artistiquement nos plus grandes espérances. Sinon, Les Proies, Okja, Good Time, Rodin ont plu. On attend encore les sorties de The Killing of a Sacred Deer, Beautiful Day (nouveau nom de You Were Never Really Here) et In The Fade, respectivement en novembre puis janvier, pour se faire une idée définitive. Mais non, The Square ne sera pas notre film préféré des long-métrages en compétition à Cannes en mai dernier. En raison de sa fin interminable et donc ratée. Ruben Östlund ne peut raisonnablement pas construire une conclusion vaguement art et essai pour son film à sketchs. Le scénario manque de cohérence et ce sont des scènes, qui peuvent être isolées les unes des autres, qui, seulement, sont mémorables. Le réalisateur a souhaité une tête d'affiche pour ces quelques drôleries. Elisabeth Moss a été recruté dans l'optique de Cannes visiblement. Toute autre actrice pouvait jouer cette journaliste américaine psycho-rigide. Pourtant, ce ne sont pas les bonnes idées qui manquent. On a pas le souvenir d'une film qui tourne aussi clairement en dérision la vie d'un musée d'art contemporain. Et pour fréquenter beaucoup ces lieux-là, on peut affirmer que ce ne sont pas les idées qui manquent. Mille fois, on s'est posé la question de l'intérêt prolongé d'un étudiant très looké Beaux-Arts pour un néon et la problématique du nettoyage de surface au cœur d'une installation de tas de gravier. Les cartels ou autres livrets d'exposition sont souvent aussi impénétrables que les œuvres. Christian, qui dirige un musée de Stockholm, a du mal à se justifier à ce sujet. Vieux beau riche et divorcé, il a besoin de s'encanailler. Le postulat de départ est d'ailleurs assez génial. Il se fait avoir par une mise en scène de vol à la sauvette. Et pour retrouver son porte-feuille et son téléphone dont il suit les déplacements sur une application en ligne, il décide, avec un associé, de déposer dans chaque boîte à lettre de l'immeuble identifié, une lettre de menace encourageant vivement à rendre les biens. L'homme de grande culture se retrouve dans une ZUP paniqué comme jamais. Le film est basé sur la confrontation entre classes sociales, entre nantis et mendiants. Ruben Östlund pousse vers les extrêmes de la société. Le film tire son nom d'une œuvre d'art, support de la prochaine grande exposition du musée, qui est censée rapprocher les êtres. Entrer dans ce carré c'est perdre l'invisibilité que votre statut vous inflige. L'art ne résout rien, verra-t-on par la suite. Ruben Östlund pousse vers les extrêmes de la performance artistique. Dans une scène très longue et "malaisante", Oleg (l'acteur Terry Notary connu pour chorégraphier les personnages de singes ou de monstres dans le cinéma américain) joue un primate devenant très envahissant et violent dans un dîner VIP. A quel moment l'art s'arrête? Faut-il lyncher ou applaudir ? Seuls les deux riches donateurs ont le sourire aux lèvres devant l'effet réalisé. A leur grand âge, il n'y a plus de borders au borderline.



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