ArcTangent - Day 2 - 17/08/2018
Le festival ArcTangent a connu cette année sa sixième édition. Situé à Fernhill Farm, à une trentaine de miles de Bristol et plutôt au milieu de nulle part. Le camping est la meilleure solution pour passer le week-end, surtout quand, pour une fois, il ne pleut pas. Sinon, la venue à la journée est plus complexe. La navette arrive au début du festival et te ramène à Bristol à la fin de celui-ci. Un aller-retour vers l'aéroport de Bristol, desserte des bus de la ville, est bien plus simple. C'est le festival de la déconnexion. Pas de réseau, pas d'écran, des stands vegan bien calés entre quatre tentes très proches les unes des autres. Et contrairement au Hellfest, pas de chaises pliantes qui se multiplient pour les spectateurs. Un point commun pourtant avec Clisson : ZEAL AND ARDOR a mis tout le monde d'accord. Manuel Gagneux vient d'inventer avec son groupe, un nouveau style, le gospel black metal mis en scène avec une efficacité rare. Le groupe est en train de monter en puissance et de rallier le public à ses sombres cantiques. Les fidèles chantent en chœur puis remuent, chantent en chœur puis remuent avec une régularité qui n'évite pas des surprises mélodiques souvent irrésistibles.
Le festivalier peut s'approcher des premiers rangs très facilement d'un concert à l'autre, observer chaque groupe réaliser ses balances (et on a même eu l'impression que Anathema l'a fait pendant la moitié de son concert...). Comme nulle part ailleurs que dans cet ouest de l'Angleterre qui accueille aussi en juillet le 2000trees avec une programmation qui va dans le même sens (Hell is for Heroes, Sikht, Arcane Roots, At the Drive-in). L'amateur de musique progressive moderne et expérimentale sait où passer son été. La journée du vendredi associait quelques groupes plus habitués à jouer en France comme LEPROUS qui a réalisé un beau carton. Mais on a eu un peu l'impression de retrouver la jeunesse scandinave aux championnats européens d'athlétisme (Ingebrigtsen, Duplantis). De la virtuosité précoce mais aussi beaucoup de démonstration.
Globalement, les musiciens invités à Arctangent font preuve d'un niveau technique affolant. CONJURER a des airs adolescents avant le show. Mais quand les lumières s'allument, ils appliquent tout ce qu'ils ont appris des premiers Mastodon, Gojira, Opeth avec une rage frontale et une facilité instrumentale assez déconcertante.
Les Suédois GODMOTHER ont été adoubés par Ben Weinman et Party Smasher et assurent l'héritage de The Dillinger Escape Plan après avoir été invité sur la dernière tournée du groupe. Sebastian Campbell est un frontman qui passe plus de temps dans le public, sur les structures que sur scène. Il sait comment contourner le montage des tentes qui a placé un poteau pile au milieu de la scène. Il invite même les spectateurs à danser le limbo dans la fosse sous son fil de micro. Le (jeune) groupe a vraiment marqué les esprits et est même revenu, au cœur de sa mini tournée britannique, jouer dans un pub de Bristol le lundi suivant.
HALO TORA, groupe écossais, ressemble lui beaucoup à Coheed and Cambria mais dans l'interprétation, c'est vraiment irréprochable. Les frangins Guzman de ASTRALIA connaissent bien leur Caspian mais donnent surtout envie de découvrir leur Solstice. BLANKET a du, comme nous, beaucoup écouter Oceansize il y a une dizaine d'années.
Et c'est un plaisir pour eux d'ouvrir, pour nous de revoir, en live Mike, Steve et Richard de nouveau réunis dans VENNART, huit ans après Self Preserved While the Bodies Float Up, dernier album d'Oceansize. Nous avions retrouvé Mike Vennart sur scène ces dernières années avec Biffy Clyro mais on aime surtout son style alambiqué maison, entre nouveaux titres de l'album à venir et glorieux anciens.
Les concerts européens de GLASSJAW sont très rares. Même si un nouvel album de qualité est sorti l'an passé, nous écoutions Worship and Tribute en 2002, en même temps qu'Effloresce, par exemple. Daryl Palumbo dégage une grande maturité vocale et on retrouve son charisme intact. Dans son nouveau line-up très efficace, Justin Beck est, lui, toujours présent pour habiter l'espace sonore tel Carpenter pour les Deftones. Et pour terminer, le plaisir de vivre un concert dans un pays anglo-saxon est partagé par des spectateurs qui chantent vraiment les paroles. Et "it's not easy you know".
Texte et Photos : Cyrille Blanchard
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