Une exécution ordinaire

Un des premiers plans du film montre le visage de Gilles "Maitre Morrissard" Gaston-Dreyfus. Mais le ton est loin du comique, pour un personnage qui cette fois-ci incarne (furtivement dans le film) un des bras droit de Staline. En effet, le spectateur est plongé dans les dernières heures du dictateur à la tête du régime totalitaire de l'U.R.S.S.

Staline est absent physiquement des vingt premières minutes du film mais on le sent omniprésent, à travers les couloirs d'administration uniformisée, au gré des uniformes, au détour de regards dénonciateurs. Police partout. Justice nulle part... La seule touche d'"exotisme" est finalement la langue française des acteurs. Des répliques au scalpel qui renforcent l'ambiance pesante du film. On imagine très bien toutes ces scènes retranscrites sur une scène de théâtre avec la dramaturgie et le talent des comédiens : Marina Hands, Edouard Baer, Denis Podalydès, André Dussollier. Peut-on rêver meilleur casting ? Mention spéciale à Dussollier qui incarne un Staline plus vrai que nature. Le maquillage est bluffant et la composition est d'une justesse à faire peur.. Décidément... "Vous croyez que j'ai mis en place la Terreur de gaîté de cœur".. Un cynisme pour aborder la fin de sa vie entre sa victoire sur le nazisme aux côtés des Alliés ("J'aimais beaucoup Roosevelt"), la déportation de médecins juifs dans les Goulags (le complot des blouses blanches) et la Guerre Froide qui commence ("Par contre, Truman, ce vendeur de chemises, a lancé la bombe atomique sur le Japon pour me faire peur"). Un vieil homme souffrant, qui ne tire pas de plans sur la Guerre de Corée mais écrit consciencieusement des lettres de condamnation de son bureau... des exécutions pour lui, ordinaires...

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