Les Murs murmurent

"Plus on possède de biens matériels, plus on laisse de vestiges. En archéologie, les nantis sont donc très apparents, les démunis presque invisibles. Or les graffitis tracés par toutes sortes de gens, hommes et femmes, maîtres et esclaves, alphabétisés ou non sont socialement équitable".

A une époque où Twitter et les téléphones Android n'existaient pas, il fallait bien laisser des messages. Le Carré Plantagenêt, musée d'archéologie et d'histoire du Mans, nous permet jusqu'au 4 avril d'observer ces témoignages de l'époque gallo-romaine, trouvés en France et en Suisse (pays d'origine de l'expo). L'expographie est très bien pensée. La salle est plongée dans l'obscurité. Muni d'une lampe torche, le visiteur déchiffre les vestiges graffités et incrustés dans des panneaux muraux anthracites, placés dérrière un fin grillage plastique... Les commentaires sont écrits au feutre argenté. Il faut parfois de la patience pour comprendre la signification des formes et lettres gravées faisant toute confiance aux professionels qui ont interprété ces scènes avec savoir et imagination. On imagine ces hommes et ces enfants (il est souvent précisé que le graffiti a été retrouvé sur un mur à la hauteur d'un enfant) retranscrire avec plus ou moins d'adresse le spectacle des arènes, la chasse aux cerfs, leur liste de courses ou celle de leurs conquêtes. Et on imagine que dans 2000 ans, certains analyseront peut-être les tables de salles de classe ou les murs des toilettes du Bar'ouf.