Nosfell - Allonnes - 25/03/2010

Pendant que Valier Baraille met le feu au Pâtis, une centaine de personnes comblent péniblement la salle Jean Carmet. On peut être surpris de la faible affluence du concert, Nosfell jouissant quand même d'une bonne réputation dans le circuit. Mais, finalement, est-ce que le public manceau est prêt à entrer un jeudi soir dans l'univers particulièrement (trop?) barré de l'artiste ?

Avant de plonger dans le wonderland de Nosfell, entrons dans le son de Chapelier Fou. Jeune messin au grand corps malade de musique, il sort de son chapeau un patchwork de boucles selon l'envie de son violon, de sa Telecaster, de ses machines et claviers. 45 minutes qui transportent l'auditeur dans un monde où une ambiance tsigane, des arpèges rock cohabitent sans mal avec un beat electro. Une belle découverte. Le sampling se justifie tout à fait quand un musicien sur scène souhaite superposer les pistes pour recréer l'ambiance de ses titres mais beaucoup moins quand on se livre à un power trio aussi doué techniquement que le groupe de Nosfell. Pourtant, dès l'entrée en scène, on peut penser que ce concert sera bien organique. Faisant semblant de terminer la balance, les musiciens plongent subitement la salle dans le noir sur le premier riff de la soirée d'un titre chanté en anglais. Une bonne rythmique violoncelle, gratte, batterie couvert d'un chant perché : tout ce qu'on aime. Mais la recette semble bien trop facile pour Nosfell qui, pour entretenir l'étrangeté de son mythe, va faire évoluer le concert au gré de sa créativité quelque peu déconcertante. Pourquoi un guitariste aussi doué délaisse-t-il autant son instrument pour se livrer à des monologues, une danse tribale sur fond de violoncelle et surtout, comme je le disais, tellement de samples qu'on finit par se demander quand il joue vraiment. Alors qu'il est tellement à l'aise et efficace rien qu'avec une guitare folk et ses cordes vocales, même quand elles portent cette langue imaginaire fruit de son tordu de cerveau. Le potentiel est énorme mais à force de trimballer les spectateurs, il risque de perdre en route une bonne partie de son public. Ce serait dommage de réussir à convaincre Daniel Darc, Josh Homme ou Brody Dalle de jouer sur son album, d'avoir une telle inventivité mais de toujours être considéré comme "le petit génie de la guitare qui jouait tout Hendrix à 8 ans" et l'éternel espoir qui ambiançait le Parc des Princes en première partie des Red hot Chili Peppers.

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