Thrice - Electric Ballroom - London - 26/08/2010

La fin de l'été ne signifie pas la fin de la musique live. Les festivals de Reading et Leeds sont des institutions du Summer Bank Holiday et donnent l'occasion à de nombreux groupes de venir faire une nouvelle escale en Europe (le Rock en Seine parisien en profite pas mal). La B.B.C. en diffuse de très larges extraits (LCD Soundsystem, Arcade Fire, Queens of the Stone Age, Biffy Clyro mais surement pas trop les Guns, enfin surtout la fin). Cette actualité facilite aussi une tournée d'artistes rares en Europe (absent en France) : les géniaux Américains de Thrice. Deux ans après leur dernière date à Camden Town, ils réinvestissent, les veilles de Leeds et Reading, l'Electric Ballroom. Ce pluvieux jeudi du mois d'août, près d'un millier de spectateurs se pressent dans cette salle coincée dans le capharnaüm de Camden High Street.


Thrice est donc de retour à Londres pour défendre Beggars son dernier album sorti il y a un an et débute le show avec les deux premiers titres de l'album : All The World Is Mad et The Weight. Le public londonien aime chanter et en plus connait très bien les paroles : "Something's Gone Terribly Wrooong" ou encore "Come What May, I Won't Abandon You Or Leave You Behind Because LOVE Is A Loyalty Sworn, Not A Burning For A Moment". Le public emboite le pas des musiciens dotés d'un gros gros son, bien conscients qu'il faut en remettre en couche et penser aux plus anciens fans. Thrice enchaîne avec The Artist In The Ambulance ("Late Night Brakes Lock Hear The Tires Squeal....") puis Of Dust And Nations ("So Put Your Faith In More Than Steeeel").

Qu'est-ce qui pousse le public à s'identifier à ce point ? Les Thrice ne sont pas particulièrement beaux ou lookés, ils sont plutôt sous estimés en tant que musiciens (faut voir pourtant les parties de guitare de Teppei Teranishi, le principal artisan de la densité du son du groupe) mais tout simplement, ils écrivent des morceaux très efficaces où le sens du couplet/refrain est parfait avec l'énergie de Dustin Kensrue, totalement habité par ses lyrics. Le morceau suivant en est le meilleur exemple : The Earth Will Shake. Lancé sur une mélodie bluesy et lancinante, le titre se transforme en Godzilla sur le refrain (soutenu par Eddie possédé à la basse, avec toujours son alter ego de frère aux futs) pour revenir vers la civilisation participative (une grande complicité entre Dustin et le public qui tape des mains et du pied en rythme tout en reprenant le "We Dream Of Ways To Break These Iron Bars We Dream Of Black Nights Without Moon And Stars") puis à nouveau le séisme où du Mastodon a poussé dans le corps de Thrice.

Il est d'ailleurs assez délicat de réécouter les premiers opus du groupe où le chant plus émo manque de maturité en comparaison à leur actuelle version live. Et le groupe va faire honneur aux hymnes hardcore de leur début : Silhouette et Blood Clots And Black Holes de The Artist In The Ambulance voire même To Awake And Avenge The Dead issu de The Illusion of Safety. La fosse moshe au quart de tour... Une fosse très versatile qui d'une minute à l'autre s'agite pour mieux se calmer et être bercée par les perles mélancoliques du groupe. Pas de Digital Sea ni de Red Sky ce soir mais le nouveau Circles (pour les fans de Radiohead), le plus confidentiel et joli A Song For Milly Michaelson et le fédérateur Come All You Weary. Un concert de Thrice est un appel au voyage (In Exile) sur cette terre célébrée par les quatre parties de The Alchemy Index (Firebreather et The Messenger). Et qui m'aime me suive... : "We're More The Carbon And Chemicals ! We Are The Image Of The Invisible". Ce refrain scandé, des poings levés par les manifestants d'un soir de rentrée sociale. Mais où les suivre ? Ils n'ont pas de port d'attache. Le public parait comme sonné après cette heure très intense passée avec le groupe. Helter Skelter des Beatles et Beggars le morceau-titre du dernier album avant de lever l'encre. Il est temps de rejoindre les pavés humides de Camden. Un retour à la réalité. A la vraie vie. Celle où il faut marcher aussi sous la pluie.

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