Les révélations du Rock en Seine

Vendredi soir, devant une foule dense, The Kills a déçu. J'entends encore Jamie Hince, Mr Kate Moss, affirmer que leur force est d'être deux sur scène sinon ça ne fonctionnerait pas. Pourquoi a-t-il alors besoin de deux choristes sur les morceaux plus exigeants vocalement ? Déjà que sa collègue Alison Mosshart, douée d'une mono expression faussement rebelle, a du mal à aligner deux notes à la guitare... Passé l'effet de leur sympathique nouveau single, Future Starts Slow, on a quand même l'impression que ce concert est très artificiel... Tout le contraire des trois révélations ci dessous : Anna Calvi, CSS et Keren Ann. Girls Power !

Pourtant, Anna Calvi commence le concert seule à la guitare. Mais, toute la différence est là : le son de Fender est pur. Elle a appris à jouer de la guitare sur les disques d'Hendrix et ça se voit. Anna Calvi est non seulement bonne guitariste mais possède un timbre de voix profond, puissant. Cette artiste est une interprète de caractère, bien soutenue par Daniel à la batterie et aux choeurs ainsi que Mally, multi-instrumentiste. Avant une longue tournée française à l'automne, c'est l'occasion pour Anna Calvi de présenter son premier album, soutenu par Brian Eno. Un public important semble curieux de partager ce folk-rock hanté qui appelle des lendemains heureux pour la carrière de la jeune britannique.

Deux jours avant, la sensation nous venait tout droit du Brésil et encore une fois, c'étaient des femmes qui mettaient le feu. Le groupe CSS propose rock électro à esprit punk, très festif. Contrairement aux Kills, on est pas dans la pose, CSS est un groupe authentique. Si Lovefoxxx, la front woman, est vêtue tel un torero trash, ses copines ont des coupes et des habits vraiment pas ostentatoires. CSS signifie d'ailleurs Cansei De Ser Sexy : marre d'être sexy. Un look simple pour de vrais musiciennes qui renvoient les moustachus de la basse-batterie faire la fête en fond de scène. Leur nouvel album La Liberacion venait de sortir dans la semaine et est très présent dans la set list : Hits Me Like A Rock, I Love You, City Girl. Ce titre fut la dernière occasion de transformer le Rock en Seine en dance floor soirée mousse. La musique de CSS est finalement rien qu'un appel à l'amour, de façon certes un peu débridé mais qu'attendre d'autre de la part d'un collectif brésilien.

Keren Ann a sorti en 2011 un magnifique album. Désolé pour Interpol qui joue sur le même créneau, c'est encore une dame qui l'emporte. J'avais l'image d'une chanteuse assez austère, composant des titres mélodiques un peu dépressifs dans son jardin d'hiver. L'album 101 avait attisé ma curiosité et la voir sur scène enlève tous mes doutes. Elle ne porte plus cette coupe au bol de la promo de l'album et arrive sur scène, très jolie, guitare en bandoulière. Accompagnée de briscards de la scène française (Philippe Almosnino et Christophe Deschamps), elle nous met tout de suite dans l'ambiance folk de ses derniers albums (Lay Your Head Down, le sublime You Were On Fire). Délaissant l'harmonica, guitare folk ou sa Gibson, c'est sur son single My Name Is Trouble qu'elle met le public définitivement dans sa poche. Sa chorégraphie n'est pas la même que dans le clip mais sa performance est tout autant esthétique. Elle aurait pu conclure sur ce morceau dansant mais revient aux fondamentaux de son répertoire très touchant. Un très bon moment.

Keren Ann - It Ain't No Crime - Live (Rock en... par sourdoreille