Moonrise Kingdom

Wes Anderson est coutumier des films à environnement particulier : l'Inde (The Darjeeling Limited) ou les fonds marins (La Vie Aquatique). Cette fois-ci, pour son Moonrise Kingdom, il s'attaque à l'univers du scoutisme. Au cœur de l'intrigue, on retrouve un jeune louveteau du cinéma Jared Gilman qui connaît son premier rôle. C'est aussi le cas pour son alter ego Kara Hayward, la Suzy de Sam. Tous les deux sont parfaits dans leurs rôles d'ados perturbés. Sam a du mal à suivre les règles de l'institution scout et de ses familles d'accueil successives. Suzy craque au sein de sa famille nombreuse coincée sur son île. Et il faut dire qu'il faut pouvoir assumer Bill Murray en chef de famille (toujours aussi bon, allant "abattre un arbre" en nocturne, une hache à la main, une bouteille de rouge dans l'autre). Suzy et Sam sont amoureux et se disent qu'il est temps de vivre l'un avec l'autre (sur fond du Temps de l'amour de François Hardy : scène culte!). A partir d'une idée simple et universelle, Wes Anderson construit un film très bien réalisé (de nombreux plans magnifiques de paysages ou d'intérieurs au détail près), souvent drôle voire trash voire les deux en même temps (la scène des boucles d'oreilles), bien dynamique (une heure et demie sans temps mort avec même des scènes d'action) et bien entendu joué remarquablement (contre emploi succulent pour Edward Norton et Bruce Willis). Et ne partez pas avant la fin du générique, Sam vous accompagne en musique jusqu'à la sortie. A 43 ans, Wes Anderson confirme qu'il est un des réalisateurs et scénaristes majeurs de ce XXIe siècle.