Alternative Berlin Tour

Tous les jours, devant le Starbuck's d'Alexanderplatz, on peut rejoindre les guides du Alternative Free Tour Berlin à 11h, 13h et 15h. Cet après midi d'août, partent deux Néerlandais, deux Allemandes, deux étudiants Américains from Seattle, une Roumaine et deux Français. C'est parti pour suivre Sebastian pendant plus de 3 heures dans les lieux alternatifs de la capitale allemande. Même si le parcours est gratuit, les guides se paient au tips et il faut dire que notre Sebastian en aura des bons. Artiste de Québec City, Sebastian, dont les parents sont Allemands, connaît Berlin comme sa poche pour y avoir vécu et y passer maintenant ses étés et sait mêler dans ses présentations l'histoire de la ville et le street art, fil rouge de la visite.

Tout commence sous les rails de Dirckenstrasse. Sebastian tient à nous expliquer l'évolution des styles, des techniques et présenter les œuvres des artistes les plus connus de la scène Berlinoise. On découvre donc El Bocho. Son personnage le plus célèbre est Little Lucy, détournement d'une héroïne pour enfants qui cette fois-ci trouve moult occasions de persécuter son chat. El Bocho est aussi l'auteur de jeunes femmes souvent mélancoliques, avec ses traits autant cheveux que larmes.





Cette œuvre ci dessus se trouve dans un ruelle assez incroyable, située sur Rosenthaler strasse. Sebastian nous explique très justement que ce quartier de Mitte a connu un phénomène important de gentrification et qu'il est donc rare de retrouver des façades de pierre, peu entretenues mais authentiques comme dans cette ruelle. Face aux fresques de street art (dont ce portrait de James Cochran aka Jimmy C avec ses touches presque impressionnistes), on retrouve le musée Otto Weidt. Dans ce lieu, cet Allemand a employé sous de fausses identités et caché de nombreux Juifs dans son atelier de fabrication de balais, leur évitant la déportation. Cet homme était un Juste en plein cœur de Berlin sous Hitler. En plus de Jimmy C donc, on retrouve une œuvre plus petite d'un autre artiste majeur de la scène Berlinoise XooooX qui signe son nom tel une pensée des femmes qu'il représente.





Il est temps de s'éloigner du centre pour s'arrêter en plein Kreuzberg. En sortant du métro Kottbusser Tor, on se retrouve dans le "Little Istanbul". Si Kreuzberg, quartier de Berlin Ouest, est historiquement celui des punks et des anarchistes, c'est surtout aujourd'hui là où vit principalement la communauté turque. A côté d'un marché turc où les prix battent tout concurrence, les centres culturels et les clubs trendy attirent une population différente. Les appartements sont de plus en plus difficiles à obtenir. On retrouve également ce cosmonaute sur un des firewall (non percé de fenêtres) du quartier. Si, à la base, le street art se fait dans le dos de la police (Sebastien expliquera la technique de l'heaven spot, tout en haut des bâtiments), la ville de Berlin peut passer commande comme pour ce Spaceman réalisé par Victor Ash. Par un jeu d'ombre chinoise, à la nuit tombée, il tient un drapeau au poing.



Le périple se poursuit sur un pont des bords de la Spree, où s'érigeait le mur entre Est et Ouest. A la chute de celui-ci, ce no man's land avait été investi par les clubs de la über dynamique scène techno Berlinoise. On devine encore quelques squats mais que peuvent faire clubbers et artistes face à la toute puissance de Media Spree. L'O2 World a ouvert le chemin à Allianz, Mercedes ou des boîtes (pas de nuit) de communication qui investissent le quartier et changent le paysage. "Berlin ist arm aber Sexy" (Berlin is poor but sexy) affirme Klaus Wowereit, maire de la ville. Donc, comment peut-il se passer de cette manne financière du secteur privé, quitte à dénaturer l'esprit de Berlin. D'ailleurs, sur la photo ci dessous, un autre détail est significatif du changement d'état d'esprit. Ce visage blanc que l'on devine sur le mur  été réalisé pour le compte de Levis, le commandant à l'artiste portugais Vhils. Par contre, le procédé qu'il utilise pour ses œuvres est assez incroyable. Une surface de plâtre avait été disposée sur le mur, bardé d'explosifs. Quand l'explosion a eu lieu dans des endroits millimétrés , ce visage s'est dévoilé... avec, dessous, l'inscription Go Forth, slogan de la marque. En tout cas, il reste encore plus d'un lieu improbable dans la capitale. Tout près de la East Side Gallery, l'Alternative Tour se termine au YAAM, reconstitution d'une plage jamaïcaine avec tout ce qu'il faut, en plein Berlin Est !!



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