Amarillo - L'Espal - Le Mans - 28/11/2012

Un théâtre "physique et visuel" interprété par les Mexicains de Teatro Linea de Sombra s'est joué deux soirs à l'Espal. Qui mieux que des locaux peuvent nous faire vivre les sentiments éprouvés face à leur frontière commune avec les Etats-Unis. Celle-ci est matérialisée par un large et haut backdrop qui servira d'écrans pour les nombreuses projections. Au contraire de la frontière, la scène est ouverte. Il n'y a pas de rideaux. Les comédiens s'affairent autour des accessoires, prennent place et commencent en fait à jouer alors que les lumières de la salle sont encore allumées. Elles le resteront pendant un bon quart d'heure au début du spectacle. Le spectateur se sent encore plus proche des protagonistes. Ceux-ci parlent espagnol, des sous-titres sont donc projetés en fond de scène. Du "théâtre physique et visuel" en V.O. Finalement, même sans comprendre les mots, le spectateur pourrait apprécier. En effet, on en apprend pas forcément plus sur le sujet. Mais on en prend plein les yeux. Raul Mendoza peut se projeter contre ce mur, l'escalader, tordre son corps avec les quatre femmes qui l'accompagnent en plusieurs dimensions. Les scènes jouées sont aussi filmées de gauche, de droite et du haut de la scène pour créer des visuels de toute beauté. C'est presque dommage qu'ils n'aient pas basé leur spectacle que sur cette esthétique. Certaines vidéos posant le contexte géographique semblaient sortir au contraire de Google Images. Repensons plutôt à ce sable déversé sur scène à l'aide d'une bouteille en plastique qui finalement dessinera des formes vu du ciel ou encore ce jeu sur les lumières qui donnent l'impression que la patrouille traque le migrant dans le désert. Certes, il est question de souffrance, de pauvreté, de mort mais pourtant le spectacle n'est pas sombre. Au milieu d'Amarillo, les lumières se rallument, Raul Mendoza s'adresse au public, lui parle en français avant de se déhancher, sweat-shirt Jesus sur le Get Back ("Wet Back") des Beatles avec son "Back where you once belonged" de circonstance. Même ambiance festive avec toujours ce dansant cowboy latino au chant plaintif qui les accompagne jusqu'à la scène finale, clou du spectacle. Des sacs en plastiques de sable descendent au bout de fils. Alors que Raul Mendoza est déjà mort et presque ensablé, les femmes trouent ces sacs. En les remontant, une pluie fine de sable tombe entre ombre et lumière. Magnifique...


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