The Master

Paul Thomas Anderson se fait rare. Son dernier film et chef d’œuvre There Will Be Blood date de 2007. Le réalisateur, scénariste, producteur sait bien s'entourer. Daniel Day-Lewis fut oscarisé et Paul Dano marqua les esprits dans son rôle de puritain from the Church of the Third Revelation. Il était donc question de religion, ce revivalisme baptiste qui possédait le jeune Eli. L'histoire de The Master n'a pas lieu cette fois-ci au début du XXe siècle mais dans l'immédiat après guerre. Le contexte historique est sous-jacent. Les GI's sont de retour au pays, marqués par la violence de la guerre. Celle-ci est devenue froide mais pèse une paranoia ambiante avec la menace nucléaire et en 1950 commence le Maccarthysme anticommuniste. Autant de brebis égarés à contrôler. Pendant que Paul Thomas Anderson développait son film, on l'évoquait déjà comme un projet sur les débuts de la Scientologie. Profitant de la liberté religieuse constitutionnelle américaine, l'Eglise de Scientologie est créée à la même époque. En 1950, son fondateur Ron Hubbard avait publié son premier best-seller : Dianetics : the Modern Science of Mental Health ou comment ses recherches auraient trouvé la source de maladies psychosomatiques. En effet, le propos est proche de la Cause du film. Le toujours excellent Philip Seymour Hoffman incarne le Master qui la dirige. Grâce à une technique proche de l'hypnose et surtout beaucoup de rhétorique, il est censé comprendre l'origine de problèmes mentaux, sociaux dans des vies antérieures. La méthode d'interrogatoire du "Maître" rappelle les fameuses auditions de la Scientologie. De plus, celui-ci tombe pour escroquerie, problème que connut la secte chère à Tom Cruise. Paul Thomas Anderson sait tout de même tourner en dérision le personnage, aidé par la bonhomie de l'acteur. Cabot devant ses fidèles (dont le "Snafu" de The Pacific), le Master monte vite dans les tours (même face à la fidèle Laura Dern). Et Paul Thomas Anderson filme tellement bien la colère. Il faut se souvenir de la dernière scène épique de There Will Be Blood. A côté de Philip Seymour Hoffman, il lui fallait un autre acteur charismatique. Joaquin Phoenix est idéal. Adoptant une démarche courbée, bourré de vices (la violence, le sexe, l'alcool), Freddie Quell n'est pas un agneau (de Dieu). Il a le profil parfait du type à remettre dans le droit du chemin. Et suffisamment désœuvré pour suivre un gourou. Il le suivra à la fois avec conviction et opportunisme. A ce sujet, la scène confrontant les deux héros dans la cellule est culte. Joaquin Phoenix a bien fait de ne pas arrêter le cinéma comme il a voulu le faire croire. Même s'il commence à avoir de faux airs de Richard Bohringer, il reste un excellent choix pour jouer le mec malsain. Il sera sûrement plus glamour dans son prochain film, le James Gray (avec Marion Cotillard.....) mais espérons le revoir à nouveau derrière la caméra de Paul Thomas Anderson. Si le maestro pouvait ne pas attendre à nouveau 5 ans avant de sortir un nouveau film. On aimerait voir plus souvent une si belle image et une direction d'acteurs si intense.


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