Le Bal des Enragés - Salle Jean Carmet - Allonnes - 13/02/2013

Si vous vouliez la vraie belle et authentique histoire du rock, du punk, du metal, il fallait bien se trouver à la salle Jean Carmet (!) pour près de 3 heures de Bal. Du Bal des Enragés ! Derrière cette appellation, se cache la fine fleur de la scène énervée française : Parabellum, Tagada Jones, Black Bomb A et Lofofora ! Cette colonie de vacances a repris la route pour 8 dates afin d'immortaliser cette association de bienfaiteurs sur dvd. La mise en scène est donc particulièrement soignée. Tous les musiciens inondent la scène sur le premier hymne punk alors que déjà l'on retrouve la performeuse trash et le maître loyal sévèrement tatoué, portant tout aussi bien masque s.m., masque de catch et aimant hurler ou surfer sur la foule. Celle-ci est suffisamment nombreuse pour récupérer plus d'un slammeur et créer une ambiance bien festive. Les musiciens ne cesseront de répéter que pour un mercredi soir c'est plutôt pas mal mais comme dit Reuno de Lofo :"c'est pas tous les deux jours qu'il y a des concerts rock à Allonnes". Reuno ! La grande star de ce bal. C'est dit. Aussi à l'aise sur le Holiday in Cambodia des Dead Kennedys, The Beautiful People de Marilyn Manson, Just One Fix de Ministry que sur un survolté Tostaky de Noir Des'. On retrouve parfaitement son style, sa gouaille sur le "Soyons Désinvolte, N'ayons l'air de rien!!!". 

Nous commençons par célébrer la force de Reuno mais il faut bien dire que ce Bal est un bel effort collectif. Dès qu'un morceau se termine, un autre commence et cela pendant près de 3 heures, le tout pour douze euros. On peut se retrouver sur un titre avec deux batteurs, trois guitaristes, trois chanteurs et pourtant toujours bénéficier d'un bon son. Parfois, certains instruments peuvent être sous mixés mais il vaut mieux cela que le contraire. Les musiciens s'amusent et nous le font comprendre. Il faut voir les Reuno, Poun de Black Bomb A ou Stéphane Buriez jouer aux choristes sur les morceaux plus boogie, quasi booty shakin'. Le leader de Loudblast a fait sa tête de méchant derrière le micro toute sa carrière. Il doit prendre un plaisir fou à se retrouver en frontman, blaguer avec Reuno avant d'introduire You Shook Me All Night Long pour lequel il endosse le rôle de Brian Johnson. Mais il ne faut pas s'inquiéter. Il est toujours bien présent pour cartonner sur Enter Sandman de Metallica, Walk de Pantera ou Refuse-Resist de Sepultura.

Ce n'était pas non plus gagner de convaincre avec un set composé exclusivement de reprises. Pour avoir vu I Wanna Be Your Dog, Ace of Spades, Killing in the Name interprétés sur scène par ses créateurs, les versions de Vx de Punish Yourself et de Poun de Black Bomb A ne décollent pas pas trop. Mais malgré tout, ce dernier arrive à bien nous faire adhérer à du Nirvana, au Chop Suey de System of a Down ou encore au Basket Case de Greenday. Il faut dire que derrière eux, l'interprétation est bien bien carrée. Mention spéciale aux gars de Lofofora. Daniel assure les plans les plus hardus à la gratte et Vincent tape comme un sourd.

Mais pourquoi parler de technique quand on joue du punk ? Les Parabellum sont là pour rajouter une touche de vice. Schultz nous gratifie d'un Feuer Frei qui fait des étincelles au sens propre (sur le plastron de la dame) comme au figuré et nous envoie à Cayenne. Le guitariste de Tagada Jones se précipite pour venir scander le "mort aux vaches" de ce classique punk comme peut l'être également La Bière des Garçons Bouchers. Les musiciens de Tagada Jones peuvent être fiers d'être à l'origine de cet événement. Plus le temps passe (et il est passé) et plus on se fait la remarque suivante : "Mais oui carrément ! Indispensable ce morceau !" Comme une playlist infinie. La seule chose qui nous fait dire que l'on arrive à certaines étapes du concert est le nombre de musiciens sur scène. Ils y seront tous pour un Antisocial d'anthologie juste avant le rappel. Pour celui-ci, en plus d'AC/DC, on aura le droit au Sick Boy de GBH avec Reuno qui slamme en tenue d'hôpital, au God Save the Queen des Sex Pistols, au Nice Boys Don't Play Rock n' Roll de Rose Tattoo avant de finir évidemment sur le Vive le Feu des Béru ! The Kids Are United sur scène pour un final terriblement électrique. Dernier message aux nostalgiques, punks à chien, metalleux, bons vivant de tous poils, le Bal rouvre au Hellfest en juin. A bon entendeur, salut (à toi) !

Photos : Stéphane Duarte