Lincoln

Steven Spielberg est de retour avec une nouvelle fresque historique. On se remémore Schindler's list, Saving Private Ryan ou même Amistad qui traitait déjà de la question de l'esclavage. Et puis Lincoln commence comme une sorte de diaporama posant de façon caricaturale un contexte historique complexe.. Suit une scène de bataille plutôt mal jouée puis l'arrivée de Daniel Day-Lewis en président courbé et la voix hésitante (certes très ressemblant). On sent que les deux heures trente vont être très longues. Elles le seront. Le choix de cet acteur majeur pour incarner Abraham Lincoln était judicieux. Mais finalement, ce ne seront qu'à travers les histoires drôles visiblement caractéristiques du personnage et sur ses excès d'autorité que l'incarnation est la plus crédible. Il se fait presque voler la vedette par Tommy Lee Jones incarnant Stevens, "champion de l'égalité". Spielberg a au moins eu le mérite de ne pas tomber dans le complet manichéisme et souligner tout au long du film que c'est en grande partie par la corruption que ce fameux 13e amendement fut voté. C'est clairement pour les débats à la Chambre des Députés que le film est le plus intéressant. On réalise bien que l'histoire se trame en 1865 dans un pays neuf et meurtri par la guerre civile. C'est un monde politique d'hommes white anglo saxon protestant qui ne s'accordent pas sur le fait que Dieu (celui de leur constitution laïque de 1787) ait crée tous les hommes égaux, quelque soit la couleur. Il faut aussi se détacher des représentations actuelles du jeu politique américain. Les Républicains sont abolitionnistes contrairement aux Démocrates farouchement opposés. Le film se concentre sur ce jeu législatif de 1865 en évoquant malheureusement peu la Proclamation of Emancipation de 1862 et le fait que le Sénat ait voté cet amendement l'année précédente à 38 voix contre 6. En 1865, 119 députés votèrent pour cet amendement contre 56. Même si le film ne présente pas un intérêt artistique majeur, au moins a-t-il le mérite de rappeler qu'à travers l'histoire il a fallu se battre, il faut se battre pour l'égalité.