Zero Dark Thirty

Depuis deux ans aux États-Unis, la lutte antiterroriste est incarnée par une femme : Carrie Mathison. L'excellente série Homeland est née après la mort de Ben Laden mais la menace terroriste est toujours forte. A fleur de peau, Claire Danes incarne cet agent qui s'en veut de ne pas avoir pu empêcher le 9/11 et se doit d'empêcher d'autres possibles attaques. Les amateurs des deux saisons ont pu apprécier sa réussite personnelle et professionnelle.. Quand il est question de faire, avec Zero Dark Thirty, un film sur la traque de Ben Laden, ce sont des femmes qui sont aussi à l'honneur. Kathryn Bigelow est à la réalisation. Avec The Hurt Locker (Démineurs), elle avait filmé la Guerre d'Irak. C'est à nouveau dans l'Axe du Mal que l'on retrouve souvent les protagonistes de Zero Dark Thirty. Sur ces "black sites" où la torture était commune sous l'ère Bush. Si c'est bien sûr un film américain, il ne cache pas les débordements et insuffisances du système. Afin d'obtenir des informations sur les cellules dormantes pouvant mener jusqu'à Ben Laden, l'agent Maya (interprétée par Jessica Chastain) s'est dévouée. Elle s'était donnée pour mission de retrouver la trace de Ben Laden. On suit donc pendant deux heures trente son investigation, son acharnement. On la revoit noter au marqueur sur la vitre du bureau de son supérieur le nombre de jours d'attente qui séparent la date où elle a compris où se terrait Ben Laden et enfin celle de l'intervention. Il faut dire qu'elle s'est donnée du mal pour localiser le "Cheikh" dans la ville pakistanaise de Peshawar. On suit toute la chronologie à travers des drames filmés avec intensité (attentats de Londres, Madrid, Islamabad ou encore cette explosion dans un camp militaire américain) et la précision pour recouper les sources et resserrer l’étau autour de la maison du messager. S'appuyant sur des rapports de la CIA, l'histoire est donc très réaliste, tel un documentaire. Surtout, on attend avec impatience le final, l'arrestation, ce grand événement de l'histoire contemporaine. Quasiment en temps réel, on suit le commando des "Canaries", de leur atterrissage mouvementé jusqu'à l'exécution de Ben Laden. L'hypothèse de le prendre vivant n'est jamais évoquée. Au terme de l'opération, si les soldats se congratulent, Maya pleure plus qu'elle ne rit. Comme si, au fond, sa vie manquerait de sens une fois le travail accompli. Quelque part aujourd'hui, encore active sur un front ou dans un bureau, que Maya évite, comme Carrie, de croiser la route d'un Brody, cela vaudrait mieux pour sa carrière. Homeland saison 3 vite !