Deftones - Le Trianon - Paris - 22/02/2013

Qu'il est loin le temps où Chino et ses amis s’empâtaient dans une musique qui avait perdu le feu sacré des 90's. Après White Pony (et ce concert à la Troc' de Rezé avec Linkin Park en première partie), le groupe a sorti deux albums moyens. Ils jouaient certes à Bercy mais se faisait voler la vedette par A Perfect Circle. Mais après le grave accident qui frappa Chi Cheng leur bassiste, le groupe se remobilisa artistiquement avec Diamond Eyes en 2010. Les concerts au Hellfest et au Rock en Seine confirmèrent que les Deftones étaient aussi de retour au top de leur forme physique. Dans cette dynamique, le groupe publia Koi No Yokan il y a quelques mois, consacré ici et ailleurs l'album de 2012 et plus encore. Il a fallu donc se précipiter sur les places pour leur retour parisien dans cette sublime salle du Trianon. On a bien fait car les deux dates sont blindées. Pendant que les uns se posent au balcon, d'autres gagnent la fosse. Le groupe Letlive nous fait patienter, proposant un mix Glassjaw, Coheed and Cambria avec un grand monsieur au chant, qui en fait des tonnes et dont les cris sont totalement surmixés. Le groupe aura au moins profité de cette belle exposition qu'est cette tournée des Deftones. Enfin la lumière tombe sur une intro électronique. Dans la pénombre, les musiciens gagnent un à un la scène. Le public est dense, chaud bouillant. Et....  "To the Edge...!!!".


Les Deftones lancent le concert sur le toujours très efficace Diamond Eyes qui fait bien chanter le public sur son "Diamonds reign across the sky" ! Le public n'est finalement pas si jeune, plutôt des trentenaires fidèles du groupe et qui ne se laissent pas compter pour taper des mains sur la rythmique de Poltergeist, premier morceau du nouvel album interprété ce soir là. L'ambiance est déjà au top quand vont débouler les deux gros tubes d'Around The Fur : Be Quiet and Drive et bien sûr My Own Summer. La fosse s’époumone sur les "Faaaaarrr" ou autre "Shove It Shove It Shove It". Le bassiste Sergio Vega assure parfaitement les chœurs et occupe bien la scène. Carpenter aligne autant les riffs de bucherons sur son manche 8 cordes qu'Abe envoie du bois derrière les futs et Chino, Chino Moreno ne quitte sa plateforme dominant les retours que pour mieux sauter sur les cassures de rythme caractéristiques du son Deftones. La grande force du groupe ces dernières années est de ne pas capitaliser à tout prix sur ces hymnes de hurleurs mais aussi d'avoir soigné les mélodies. Chino s'empare de sa Gibson pour interpréter un sublime Rosemary. Retour ensuite sur l'excellent album Diamond Eyes avec Rocket Skates et CMND / CTRL puis le mélodique Sex Tape, agrémenté de magnifiques lumières. Ces titres aux refrains entêtants sont aussi parfaitement retranscrits grâce aux machines de Frank Delgado ou les backing-vocals de Sergio Vega (les "Toniiiight" de Sex Tape). Les Deftones vont aussi profiter de cette mise en son exceptionnel pour interpréter des versions définitives de deux tubes de White Pony.


Au début, Stephen Carpenter se fait attendre, l'accordage prime et Chino en profite pour détendre l'atmosphère. C'est aussi l'occasion de rappeler le plaisir que semble prendre les musiciens sur scène. Un plaisir communicatif pour une audience qui va accueillir remarquablement (plus qu'à la sortie de l'album?) Feiticeira (avec toujours le "Soon I'll let you go Soon I'll let you go" imparable) et surtout le sommet du concert : Passenger. Au Rock en Seine, le groupe avait privilégié Digital Bath et Knife Party de cet album. Cette fois-ci, Chino assure les parties de chant de MJK de Tool, en version plus écorchée certes et le public reprend à l'unisson "I'm your Passengeeeeer". Quelle communion ! En parlant de Maynard James Keenan, les musiciens enchaînent avec le remarquable Tempest du nouvel album, au rythme très A Perfect Circle. Chino emporte remarquablement le refrain "Turning in Circles". "In Circles". Perfect. Juste avant, le groupe avait joué une sublime version de Entombed. Stephen Carpenter interprète tout le morceau en tapping et Abe Cunningham n'oublie pas, pads à l'appui, les sonorités électroniques de la fin du titre. Dans les mélodies et l'esprit de ce titre, on retrouve le feeling de Crosses, le projet parallèle très réussi de Chino Moreno. Sans temps mort, les Deftones nous font tester une nouvelle fois le plancher à ressorts du Trianon sur le riff de Swerve City. Le public part au quart de tour sur les "That Travel Through The Air  Whooo oooo ooo" du refrain. Chino repose la guitare pour un hommage à Chi Cheng, toujours dans un état "minimally conscious" depuis son accident en 2008, avant un sensible Dai the Flu. Sur l'album Around the Fur, suivait, tout comme ce soir, Head Up, écrit lui aussi en hommage, pour Dana Wells, le beau-fils de Max Cavalera qui partageait le micro. Après le split de Sepultura, le nom de son nouveau groupe lui avait été inspiré par le refrain de ce titre : "Soulflyyyy" ! On se souvient encore très bien de l'annonce officielle sur le plateau de Nulle Part Ailleurs après une interprétation incendiaire. Cette fois-ci, c'est le chanteur de Letlive qui revient pour le "Walk in to this world with your head up high". Particulièrement électrique ! Puis Chino nous fait le coup de la requête du public. "Quel morceau vous voulez entendre?" Forcément, à ce moment du show, quelqu'un lui a soufflé Change ! Chino continue d'invectiver le public ("Singin"!!") sans que celui-ci ait besoin qu'on lui force la main. Chino trinque même au jus de pomme pour fêter ça. Comme au Rock en Seine, le groupe nous ressort pour terminer un morceau plus obscur avec Bloody Cape. Suivront en rappel, as usual, les classiques Engine n°9 et 7 Words. Sur ce dernier titre, Chino Moreno chante comme jamais. Il enchaîne les passages criés et franchement hip hop avec aisance et n'oublie pas un seul des "Suck" de 7 Words ponctué d'un cri strident au possible. Le lendemain, dans la même salle, le groupe fera évoluer la set-list comme ce sera sûrement le cas au Zénith le 6 septembre prochain. Si ça vous fait envie ou que vous ne voulez pas me croire, jetez un coup d'oeil à la vidéo ci dessous (et aux liens associés pour le concert complet) même si, c'est certain, rien ne remplacera la place dans la fosse.

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