The Gathering - Duycker - Hoofddorp - 23/02/2013

La ville de Hoofddorp se situe en périphérie d'Amsterdam, tout près de Schiphol. Cette ville-dortoir semble presque abandonnée en cette glaciale fin d'après midi de février. Si tous les rideaux sont fermés, les habitants semblent s'être donnés rendez-vous autour des pizzas du Woodstone local. Ce restaurant, très fréquenté, est voisin du cinéma local et son bâtiment est en face du grand centre culturel de la ville. Au cœur de ce moderne établissement, se trouve le club où The Gathering signe son retour sur scène. A l'ouverture des portes, ça ne se bouscule pas au Duycker (et non chez Drucker). 


Après le départ de l'emblématique Anneke, le groupe a publié The West Pole. En octobre dernier, le groupe hollandais a sorti son nouvel album Disclosure, qui dépasse de la tête et des épaules le précédent. La nouvelle chanteuse Silje est cette foi-ci présente sur tous les morceaux. Avec Marjolein, Frank, René et Hans Rutten, The Gathering réalise cette fois-ci un véritable travail abouti de groupe digne des classiques How To Measure A Planet? ou Souvenirs. Dans la chronique de leur concert parisien du 14 février 2010, c'est ce que j'appelais de mes voeux (ici), c'est réalisé. 


Avant de découvrir les nouvelles pépites du répertoire de The Gathering, Mindshade entre en scène. C'est bien dommage de retrouver ce type de groupe alors que The Gathering n'a cessé d'évoluer loin de ce metal à chanteuse plutôt cliché.... Les musiciens multiplient les poses, le bassiste nous crache une voix caverneuse épouvantable... La chanteuse, à la capacité pulmonaire développée, minaude au possible. On m'avait pourtant appris qu'il est préférable de garder le buste droit pour envoyer les notes le plus précisément. En tout cas, le fan suisse, recordman des concerts de Delain, n'en rate pas une miette avec ses deux (!) appareils photos, au premier rang.. Sinon, en quinze ans de concerts, jamais je n'avais eu la chance de recevoir la baguette du batteur. C'est fait.....et c'est pas celle de Mike Portnoy.... Comme d'habitude, ce sont les musiciens de The Gathering eux-mêmes qui installent et règlent leurs instruments sur scène avant le début du show. Si Images and Words de Dream Theater en entier avait été diffusé dans la sono avant Mindshade, ce sont les morceaux d'A Perfect Circle ou autres groupes plus indé que nous écoutons. Puis, les lumières s'éteignent sur l'introduction du nouvel album, celle du titre Paper Waves. Le son est très clair. Il aurait peut-être mérité davantage de puissance car comme leurs enfants dans les classes, les spectateurs locaux, sur ces marches autour de la console, sont bavards et peu respectueux. Les musiciens sont pourtant si appliqués, réussissant à reproduire fidèlement la richesse du nouvel album sur Paper Waves autant que sur le dynamique Meltdown qui enchaîne. Il est temps de gagner les (le) premiers rangs pour profiter au maximum (d'où les photos). Certains spectateurs venus du Chili, de Russie y sont bien plus fans. Surtout quand nous découvrons les premières notes de Great Ocean Road. "And the air, we all dare to ride it somehow". Si Silje ne cherche pas à imiter le coffre d'Anneke, elle est très appliquée et porte ce morceau aérien, entourée de musiciens pour qui l'amour de la musique rayonne. Marjolein en tête !



Les musiciens battent le fer tant qu'il est chaud avec le morceau épique du nouvel album, Heroes for Ghosts.  Cette pièce progressive, digne d'un Travel, nous fait comprendre tout ce qu'est la musique de The Gathering : des arrangements soignés, un chant cristallin, des paroles de caractère, une rythmique évolutive.. L'énergie n'est pas laissée de côté avec le dynamique Shot to Pieces. Le groupe s'éclate aussi sur des rythmes plus simples et tout simplement rock n' roll. Le sourire aux lèvres. "What secret music do I hear. Upon the drums of my hear". Toi le grand public qui écoute Archive, redonne une chance à The Gathering. 



The Gathering ne cherche pas à capitaliser sur sa période dorée. Deux morceaux de The West Pole sont interprétés avec conviction : All You Are et No Bird Call. A part les fans des premiers rangs, très peu de spectateurs répondent quand Silje demande qui aime le nouvel album. Elle semble agacée alors que Marjolein, la communicante du groupe, essaie de motiver les troupes et chambre gentiment (selon les quatre mots de néerlandais que je maîtrise) ces spectateurs du fond vraiment spectateurs.. Pourtant, l'excellent Gemini I, extrait de Disclosure, donne l'occasion de secouer la tête et taper du pied. Désormais, pile face à l'ampli de René Rutten, c'est avec grand plaisir que l'on se délecte de son jeu très fin, parfaitement clair et usant des nombreux effets de son pédalier. Sur ce titre, après le couplet plus trip-hop et son "did you catch the moon together", le riff explose sur le refrain. Dans l'intensité, on ne voit pas non plus une grande différence avec le grand classique In Motion I qui a précédé. The Gathering a toujours eu le mérite, la classe de faire évoluer sa musique, de conserver une grande indépendance musicale tout en gardant une identité forte. Si comme le chante Silje sur Gemini I,  le groupe "had lost precious hours" après le départ d'Anneke, il a retrouvé une grande inspiration. Celle de Broken Glass ou de Souvenirs, deux titres qui illustrent une fois de plus sur scène que la discographie du groupe est riche de morceaux puissants et beaux. Après tous ces  arguments, on aurait finalement été surpris d'entendre un Strange Machines. Le groupe revient sur un nouveau moment de bravoure du nouvel album, I Can See For Miles. Encore une fois d'inspiration trip hop à la Souvenirs, le morceau navigue entre rythmique tripante, chant évanescent, superbes nappes pour éclater dans un final noisy parfaitement lancé par Hans Rutten. Pour l'occasion, Silje rejoint Frank Boeijen aux claviers. Discret sur scène, ce dernier est indispensable à la couleur musicale du groupe et est l'auteur d'une grande partie des titres de Disclosure.




A la fin du set, les musiciens viennent ranger leur matériel et discuter avec les spectateurs.  A quand une date en France ? On apprend que ce n'est pas si simple pour eux aujourd’hui de booker une longue tournée européenne en raison de leurs jobs respectifs et de leurs familles. Des dates fin avril pourrait être annoncées. Ne ratez pas ces musiciens très talentueux et sympathiques.


Texte et Photos : Cyrille Blanchard

Commentaires

  1. S'ils décident de jouer en France, j'y vais, c'est sûr ;)

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