Starter Festival - Le Mans - 4-6/04/2013

Le collectif Starter est le dispositif d'accompagnement de la scène sarthoise. Coordonné par le Centre Ressource Musique en Sarthe, ce festival est l'occasion de passer trois belles soirées dans les salles de musique actuelle du Mans. La métropole ne manque pas de lieux pour que les artistes s'épanouissent : le Silo, l'Alambik'!, les Saulnières ou la Péniche Excelsior. Si cette année sur ce blog, les artistes internationaux comme Clutch, Deftones, The Gathering et les Eels sont à l'honneur, n'oublions la dynamique scène locale. Le vendredi soir fut aussi une belle réussite avec Ruby's Allshine, Lulu ou Jr Yellam mais revenons plutôt sur le jeudi et le samedi soir, soirées pour lesquelles rappelons-le l'entrée était gratuite ! Pressons nous de rejoindre la salle des Saulnières et échapper le temps de quelques heures à ces températures hivernales d'avril. L'ambiance est plus chaude avec le premier groupe du festival : Climat. Les quatre musiciens offrent un stoner instrumental plutôt puissant. La mise en son manque malgré tout d'équilibre, la basse l'emportant dans le mix au détriment d'une batterie dont certains éléments sont difficilement audibles. Il en faut plus pour bouder notre plaisir car l'énergie est là. On retrouve l'esprit d'un Karma to Burn voire des premiers Baroness aussi orientés sur l'instrumental. Certains passages plus aérés grâce un travail intéressant sur les sons de guitare peuvent aussi rappeler Mogwai, groupe auquel la musique de Climat est souvent associée, bien que ce soit un peu réducteur. Des groupes des States, d'Ecosse autant de pays dont viennent sûrement quelques bières complétant le patchwork du t-shirt du bassiste. En tout cas, nul besoin de Bud ou de Brewdog pour être dans l'ambiance du concert de Climat. A revoir à la Péniche Excelsior le 20 avril avec Microfilm. Les rideaux se ferment sur la scène principale car une autre s'improvise à droite de la fosse pour Quadrupède.


Le duo de musiciens aime jouer au cœur de la foule. Leur E.P. est sorti récemment, agrémenté d'un joli digipack, offrant trois titres de math rock instrumental. S'il y a un musicien  ce soir qui va se servir de ces quatre membres c'est bien le batteur de Quadrupède. L'étroite proximité voulue par le groupe est une excellente idée car cela permet d'être aux premières loges pour apprécier son hallucinante dextérité. De sa formation de pianiste, il en a gardé la rigueur instrumentale, d'une précision rare, certes indispensable pour tout musicien jouant au clic pour l'insertion de machines. Très concentré, il insuffle tout de même une grosse dynamique, une vraie puissance dans la frappe et le jeu au pied. Face à lui, son partenaire lance les boucles de riffs ou complète la rythmique, percussions à l'appui. Ses quatre membres sont en éveil également et toujours avec le sourire. Ce type de configuration pourrait presque faire penser à une master class, le risque d'une musique tout de même assez shoegaze. Quadrupède réussit à éviter cet écueil et progressivement conquérir une scène locale qui devrait se presser à la Péniche le 28 mai prochain. En attendant de s'ouvrir à d'autres latitudes.


Changement d'ambiance pour le dernier groupe. Les rideaux s'ouvrent à nouveau sur une batterie associée à un ensemble de machines. Au dessus, des ampoules éclairent les quatre lettres du groupe : ACNE. Le duo se définit comme du dancefloor analogique. En effet, Simon a l'air de bien s'amuser derrière ses synthés vintage. Tête en avant sous la mèche et genoux qui se lèvent haut en rythme, il crée une dynamique visuelle qui n'est que modérément partagée par l'assistance. En effet, comme depuis le début de la soirée, le public bouge peu voire pas du tout. Les photographes ont un immense espace vide devant la scène. On peut quand même noter un bon headbanging chez certains spectateurs. Les têtes se secouent plus que les fessiers au rythme de l'"human drumming" qui apporte une touche rock à la création synthétique d'Acne. Prochaine étape pour les musiciens : la sortie de leur nouveau E.P. : 49.9. Avec Acne ou encore Boomtrapped, la scène électronique du Mans se dessine un bel avenir.


Samedi, c'est au tour de la Péniche Excelsior d'Allonnes d'accueillir Starter. Ce collectif a choisi avec soin des groupes déclinant des identités musicales bien variées. Et si on peut retrouver sur le circuit moult groupes de rock, il est plus rare d'avoir l'opportunité de découvrir des groupes trip-rock classieux comme Naked in a Sphere. Le toucher d'Etienne à la guitare fait énormément pour le son du groupe. Son jeu est précis, clair, rayonnant. Les pédales d'effets sont là mais sans le feeling, elles ne sont rien. Le clavier, la section rythmique et le chant de Mag retranscrivent parfaitement les arrangements de leur premier album Freefall, sorti l'an passé. On retrouve l'ambiance familière du groupe hollandais The Gathering, celle de Souvenirs. Presque l'impression que la péniche a navigué vers les canaux d'Amsterdam. Le concert s'éloigne un peu des couleurs trip hop quand Etienne et Mag interprètent certains titres tous les deux. Ils se produisent régulièrement en duo dans une ambiance plus folk, plus pop ce qui permet à la voix de s'envoler vers d'autres sphères. On ressent aussi l'expérience acquise dans la gestion de la set-list. In Search Of est idéal pour terminer le set. L'audience est transportée par son crescendo qui permet une belle expression de groupe. On attend avec impatience les nouveaux titres.


Place à Run Ronie Run. La gent féminine est toujours au micro mais cette fois-ci on est plus prés de Melissa Auf der Maur ou des L7 que de Beth Gibbons. Sous forme de power trio, le groupe envoie un rock alternatif 90's assez efficace. Même si elle pose la basse sur des morceaux plus tranquilles, Vero assure son rôle de frontwoman comme sur leur nouveau morceau INXS. Et comme tous les groupes de ce festival, les musiciens ont vraiment l'impression de prendre du plaisir sur scène. Toujours avec le sourire. Un bon esprit. Mais comment peut-il en être autrement quand on porte un t-shirt "Bambi is a son of a biche". Presque une citation (je dis bien presque) du dernier titre du soir de Novels, leur What's funny single de leur nouvel album Mirror Dog qui squatte tout de même bien le cerveau. Ce blog avait vanté la performance du groupe en première partie de Mass Hysteria.


L'occasion leur est donnée de confirmer en tête d'affiche et point d'exclamation du festival Starter. Bon c'est clair que le son est bien moins bon qu'à l'Oasis il y a 15 jours, trop d'aigus et les growls du guitariste se font peu entendre. Autant miser sur la proximité et l'énergie et, même quand la chaleur monte, ce n'est pas ce qui manque à Novels. Leur nouvel album vient de sortir et ils ont envie de le défendre. La set list est articulée comme le disque, un savant mélange de gros riffs chaloupés et de titres plus mélodiques. Left For Dead ou Got No Brain sont de bons titres efficaces en live. Le frontman ne s'économise pour essayer de faire scander les refrains. Comme le soir précédent, le public est plus spectateur qu'acteur mais les musiciens gardent leur bonne humeur communicative. Si le groupe a souvent été associée à une scène alternative 90's post grunge dirait-on, l'évolution musicale est à signaler. Sur Ghost 1 AM, la poussée du refrain rappelle 30 Seconds to Mars. On retrouve ces notes plus aériennes sur Sorry ou S*** O* S******. La scène indie prog d'Oceansize n'est pas non plus si loin. Novels est à l'écoute ce qui se fait de bon dans la sphère rock metal et celle-ci devrait être de plus en plus connectée à ce que Novels fait de bon. Prochaine étape importante pour le groupe, la date à Caen avec 7 Weeks qui vient de publier le très bon Carnivora.

Photos : Stéphane Duarte
Texte : Cyrille Blanchard

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