Junip - The Haunt - Brighton - 11/05/2013

Que ce vent est glacial ce soir de mai sur le littoral anglais. On se croirait presque un soir de novembre à Wigan (qui venait de remporter la F.A. Cup). Le public se presse de joindre The Haunt et ne prend plus le temps d'apprécier ce paysage balnéaire. La fameuse Brighton Pier est pile en face de la salle de concert. The Haunt est un club dans une configuration proche du Nouveau Casino parisien, un petit balcon en plus. Et la température y est plus chaude, le concert étant sold-out. Un des musiciens additionnels de Junip, James Mathé, assure la première partie sous le nom de Barbarossa. Le Britannique est tout seul au centre de la scène derrière ses machines et est accompagné d'un batteur placé dans l'angle gauche sur le kit de Junip. Doté d'un son extrêmement clair, il délivre une musique folk électronique de très bonne facture. Sa voix rappelle d'ailleurs étrangement celle de la star du soir José Gonzalez. Ce n'est sûrement pas pour rien qu'il a rejoint le groupe, en partie aux backing-vocals. Après cet apéritif musical bien agréable, patientons comme hypnotisé par la biche illuminée du backdrop de Junip. 


Comme son nom ne l'indique pas forcément, José Gonzalez est suédois. D'origine argentine certes : ses parents avaient fui la junte militaire et s'étaient installés à Göteborg. Même si l'histoire musicale de José Gonzalez est ancienne avec ses compères Elias Araya et Tobias Winterkorn, sa carrière solo avait explosé en 2006 quand sa reprise d'Heartbeats du groupe The Knife ambiança une jolie publicité pour Sony Bravia. On se souvient de tous ces ballons dans les rues de San Francisco. Déjà, on a su que la belle voix fragile du folk singer ne nous lâchera plus. Son deuxième solo In Our Nature (après Veneer) suivit rapidement en 2007. Pourtant, il n'y a pas eu depuis de 3e album solo car José Gonzalez a préféré écrire en groupe deux albums très réussis de Junip. Pour juger en live, si la date parisienne ne t'arrange pas, à Brighton tu iras.


José est entouré de 5 musiciens  dont 3 aux machines. Le maelström sonore est à prévoir. Tout commence sur le superbe In Every Direction. La voix de José Gonzalez fait mouche directe.  Et cela se confirme avec So Clear cette fois-ci de leur second album éponyme. L'expression collective du groupe est d'une musicalité rare. L'assemblage sonore frise la perfection. Mais malheureusement, cela ne va pas durer. Sur le 3e titre, un des musiciens quitte son clavier pour une guitare basse ce qui alourdit péniblement le son. Les notes de keyboards de Tobias Winterkorn bavent aussi ostensiblement. Même José Gonzalez semble contrarié mais continue le show sans témoigner son mécontentement même s'il doit regretter, comme nous, que les arrangements de l'album ne soient pas retranscrits parfaitement. L'ingé son semble avoir fait son travail car la magie opère par la suite sur Your Life Your Call, un Always réorchestré aux sonorités presque orientales, Walking Lightly ou le tube Without You. La set-list navigue d'un album à l'autre avec une grande cohérence. Le groupe a d'ailleurs réussi à renouveler l'exploit de conserver son esprit indé en proposant des singles à l'évidence pop. C'est ce que l'on appelle du grand songwriting et ce n'est pas si courant. Line of Fire, qui ponctue la première partie du set, incarne bien cette grande qualité. José Gonzalez est un artiste folk mais a fait ses armes dans un milieu plus hardcore et underground. Avec sa grande intensité finale, ce morceau nous rappelle que la musique de Junip peut aussi être comprise et appréciée par un large public. On peut même repérer un t-shirt Dillinger Escape Plan dans l'assistance (et non ce n'est pas moi, il fera trop froid en sortant!). Après la puissance, le groupe revient en rappel en toute douceur sur le dernier titre de Fields : Tide. Résonne dans la nuit de Brighton son "There Will Be Time Time to Return". Il ne faudra en effet pas passer trop de temps avant de se revoir et apprécier ce répertoire de grande qualité.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London