Le Passé

En 2011, le cinéaste Asghar Farhadi se révélait à la face du monde entier avec Une Séparation. Band Meeting ne tarissait pas d'éloges à son sujet dès sa sortie ici. Ce film a obtenu Golden Globe, Oscar, César. Au delà de la réalisation, il confirmait son talent de scénariste déjà très apprécié pour son film précédent A Propos d'Elly ou plutôt Darbareye Elly. Les films d'Asghar sont en persan et les scènes se passent en Iran. Ce pays n'est pas totalement absent de son nouveau film mais Le Passé fut tourné en France et joué en français. Une langue que M. Farhadi ne parle pas. Toute sa direction d'acteur était traduite à Bérénice Béjo, Tahar Rahim, aux enfants, toujours des stars de ses films. 


Ali Mossafa joue Ahmad et arrive de Téhéran pour régler son divorce et s'installe précairement dans son ancienne maison où on met le temps de comprendre comment s'est constituée cette famille recomposée. Ce n'est pas le Paris glamour qu'a voulu montrer le réalisateur. Asghar Farhadi n'est pas Woody Allen. Il se rapprocherait plus d'Inarritu quand il filma la dark side of Barcelona pour Biutiful. On retrouve donc Bérénice Béjo en banlieue parisienne, à Sevran, un pavillon près des voies ferrées. Marion Cotillard a eu la bonne idée d'être occupée par ailleurs, c'est donc sur l'actrice bankable de The Artist que le cinéaste a jeté son dévolu. Et il a réussi à lui enlever tout le vernis hollywoodien pour la rendre parfaitement crédible en jeune mère dépassée aux amours compliqués. Comme pour ses films précédents, Asghar Farhadi nous fait comprendre l'intrigue progressivement, cette fois-ci à travers d'Ahmad. Comme si nous débarquions tous de Téhéran après des années d'absence et qu'il faudrait démêler ce méli-mélo tragico-sentimental. Tragique car Marie est tombée amoureuse de Samir entre la pharmacie, où elle travaille et où il venait chercher des anti-dépresseurs pour sa femme et le pressing qu'il tient. Ce nouvel amour aurait pu amener vers une séparation mais celle-ci fut tragique car découvrant l'adultère, la femme de Samir fait une tentative de suicide en avalant du détergent et tombe dans un profond coma. Bérénice Béjo joue donc une femme qui vit avec un homme et son fils dont la femme, la mère est clouée sur un lit d'hôpital. Avec toujours l'infime espoir pour Samir qu'elle puisse un jour montrer des signes de réaction (les traces d'ongles, les parfums et cette magnifique dernière scène du film). Ce potentiel de départ pouvait déjà créer une belle histoire. Mais Asghar Farhadi a imaginé un autre personnage crucial : Lucie, la grande fille de Marie qui n'a jamais accepté le départ d'Ahmad et ce nouveau couple. On apprécie vraiment la très forte performance de Pauline Burlet qui n'avait comme fait d'armes que le rôle d'Edith Piaf à 10 ans dans  La Môme. Et heureusement que l'agenda hollywoodien a empêché la confrontation avec Edith Piaf adulte dans ce film. Au contraire, la scène d'excès de colère de Bérénice Béjo face à sa fille vaut à elle seule le prix d'interprétation féminine du dernier festival de Cannes. Mais pourquoi se met-elle aussi en colère ? Que s'est-il vraiment passé dans ce pressing de Sevran quelques semaines plus tôt ? Plus de deux heures à dénouer Le Passé mais on en redemande!

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